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Démesure et indécence

Une nouvelle fois, le scandale éclate autour de l’indemnité de départ démesurée d’un dirigeant de grande entreprise. L'affaire Bernard (Carrefour) vient s’ajouter à la liste déjà longue des affaires scandaleuses du même type. On repense bien sûr à Messier (Vivendi), Jaffré (Elf), Landau (Aventis), Bilger (Alsthom), Blayau (Moulinex)… Sans parler des cas moins médiatisés.

Une nouvelle fois, le scandale éclate autour de l’indemnité de départ démesurée d’un dirigeant de grande entreprise. L’affaire Bernard (Carrefour) vient s’ajouter à la liste déjà longue des affaires scandaleuses du même type. On repense bien sûr à Messier (Vivendi), Jaffré (Elf), Landau (Aventis), Bilger (Alsthom), Blayau (Moulinex)… Sans parler des cas moins médiatisés. Les conditions financières de départ de l’ancien président de Carrefour, débarqué en février dernier pour résultats jugés insuffisants, correspondent à une clause de non-concurrence et une retraite « supplémentaire ». Pour Jaffré, il s’agissait de stock-options. Pour d’autres, d’indemnités conséquentes, octroyées même en cas de faillite de l’entreprise.

Démesure donc. Mais indécence aussi. Car tous ces patrons estiment légitime le montant de leur indemnité, sous prétexte des services qu’ils ont rendus à leur entreprise (seul, Bilger a restitué 3,8 Me qu’il avait perçus). Ils oublient que les patrons français figurent parmi les mieux payés d’Europe. La rémunération globale annuelle moyenne des patrons du CAC 40 atteint les 6,2 Me, soit 406 fois le Smic. Plus encore, leur présence dans différents conseils d’administration leur assure encore des jetons de présence aux montants souvent excessifs.

Dans le même temps, les postes fortement rémunérés se développent. On assiste par exemple aujourd’hui à la séparation de plus en plus fréquente des postes de président et de directeur général, à la création du poste de président non exécutif, au glissement du poste de président de directoire vers le poste de président du conseil de surveillance. Par ailleurs, depuis que le problème de financement des retraites est posé, des « retraites chapeau » sont octroyées aux cadres dirigeants des grandes entreprises. Les experts estiment à 40 % le nombre de ces entreprises. Il s’agit de garantir un complément de retraite entièrement financé par l’entreprise, ce qui évite de recourir à un accord avec les organisations syndicales ou à un référendum.

Ce qui est définitivement indécent, c’est de voir ces mêmes patrons s’opposer à des prélèvements sociaux supplémentaires pour maintenir le niveau de retraite des salariés ! Les salariés ne peuvent qu’être écoeurés. Tous, du bas salaire proche du Smic jusqu’au cadre, voient depuis quelques années se creuser le fossé entre eux et leurs dirigeants. Et la somme de tous les avantages possibles dont sont bénéficiaires ces grands patrons, rend encore plus insupportables les inégalités entre dirigeants et salariés.

La création de comités de rémunérations dans les conseils d’administration ou de surveillance n’a, à ce jour, rien réglé. Le fait que le conseil d’administration ne soit qu’une simple chambre d’enregistrement, souligne l’importance d’une véritable gouvernance d’entreprise. La FCE-CFDT revendique depuis longtemps déjà la présence de représentants des salariés dans les conseils d’administration. Seule, cette exigence permettrait le rééquilibrage des pouvoirs, une veille sur les orientations industrielles et une plus grande transparence.

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