La loi du 5 septembre 2018 « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » a signé la fin de la formation professionnelle telle que nous la connaissions en changeant de logique.
La ministre du Travail a décidé de passer d’une logique de moyen (organiser telle ou telle formation) à une logique d’objectif (atteindre telle ou telle compétence).
Pour se faire, elle en a redéfini, à la fois, la forme et le fond. Sur la forme, la définition des formations a été revue « de façon à libérer l’innovation pédagogique, encourager les formations innovantes ». C’est-à-dire que désormais les formations peuvent se concevoir aussi bien en présentiel qu’à distance ou en situation de travail.
Sur le fond, les actions de formation doivent maintenant remplir des objectifs de développement des compétences. Ainsi, l’action de formation se définit désormais comme un parcours pédagogique permettant d’atteindre un objectif professionnel. Par conséquent, nous devrions progressivement voir disparaître les « responsables formation » au profit de « responsables compétences ».
Alors, me direz-vous : « Quel lien avec la formation syndicale et les responsables de formation syndicale ? »
Si d’apparence se sont bien deux sujets différents tant au plan de la législation, du financement, que de la reconnaissance, il existe une perméabilité entre les deux qui ne va qu’en grandissant.
C’est une opportunité pour la FCE-CFDT pour qui la formation syndicale est d’abord un moyen d’acquérir des savoirs et des savoir-faire, tout en travaillant sur son savoir-être.
Certaines organisations patronales et le gouvernement aimeraient voir baisser les coûts sociaux comme ceux liés au financement du paritarisme. En effet, de nombreuses entreprises considèrent le congé de formation économique, sociale et syndicale (CFESS) comme un frein à leur productivité. Autant de risques potentiels qui demandent à professionnaliser la formation syndicale et à priver, ainsi, ses détracteurs d’arguments. C’est une des raisons qui ont conduit la FCE-CFDT à mettre en place un organisme de formation : Idéforce. Ce dernier va piloter les actions de formation à destination des militantes et des militants, tant au plan national que local.
Cet organisme aura à charge de concevoir, de mettre à disposition des syndicats ou d’animer des actions de formation, d’assurer la formation initiale et continue des animateurs, et plus globalement de répondre à toute demande de montée en compétences issue des Syndicats Chimie Énergie, de la fédération, des liaisons d’entreprise, des comités économiques et sociaux des champs professionnels et territoriaux de la Chimie et de l’Énergie.
Idéforce assurera des formations identitaires (« Bienvenue à la FCE-CFDT », « Identité, valeurs et stratégie », « Présenter la CFDT en 4 heures »…), des formations au mandat (« Délégué syndical », en cycles de formation « Élu CFDT en CSE », « Délégué syndical central » …), mais aussi des formations aux compétences dites « transverses » (« Rédiger un tract », « Négocier », « Animer une action de formation »…).
Gage de son sérieux, il aura, non seulement le statut d’organisme de formation, mais sera également référencé, dès janvier 2020, auprès des autorités de contrôle de la qualité des organismes de formation et concourra, au second semestre, à la certification.
Autant de raisons pour faire aussi évoluer l’image de la formation syndicale auprès des militants qui en sont éloignés. Ils pourront, d’une part, acquérir les compétences dont ils ont besoin pour être plus à l’aise dans leur mandat et, d’autre part, nourrir leur parcours professionnel de compétences transposables.
La FCE-CFDT n’a pas attendu la loi de 2018 pour développer une logique d’objectif en matière de formation des militants et des collectifs. La mise en place du nouvel organisme de formation Idéforce est l’opportunité de formaliser cette approche en proposant l’évolution du titre et de la mission du « responsable de formation syndicale » vers ceux de « responsable compétences syndicales ».