Les plans de rigueur budgétaire qui se développent en Europe risquent de tuer la croissance. La nécessité des Etats de se désendetter ne doit pas conduire à la paralysie de l’activité économique et sociale des pays. A l’heure où le spectre de la récession refait surface et où la crise grecque n’en finit plus de s’aggraver, il est grand temps que l’Union européenne assume pleinement ses responsabilités.
Au lendemain de la faillite de Lehman Brothers, en 2008, les politiques de relance coordonnées décidées par les pays du G20 avaient permis d’amortir le choc. Trois ans plus tard, l’économie mondiale donne à nouveau des signes de ralentissement. La débâcle boursière de l’été et la crainte, que la crise grecque se propage à d’autres pays de la zone euro, ont conduit nombre d’Etats à accentuer leurs efforts de désendettement par la mise en place de politiques d’austérité.Parfois de façon brutale, comme en Italie, au Portugal, en Espagne ou encore en Grande-Bretagne (hors zone euro). Parfois d’une moindre ampleur comme en France, aux Pays-Bas ou dans les pays scandinaves.
Si le seuil de tolérance à l’endettement est atteint, tout alors est affaire de dosage et de rythme de réduction des déficits publics. Une austérité trop brutale, qui frappe en même temps presque tous les pays, est contre-productive car elle conduit inéluctablement à une récession, une montée du chômage, un frein des salaires et compromet par contrecoup la réduction des déficits.
La réduction de l’endettement de plusieurs pays devient extrêmement difficile. C’est pourquoi pour assainir les finances publiques et d’en lisser les effets sur la croissance, l’extension des pouvoirs du Fonds européen de stabilisation financière est urgente.De plus, la mutualisation d’une partie de la dette au niveau de la zone euro, par l’émission d’eurobonds notamment, devient indispensable.
Ces actions donneraient une plus grande force à l’Europe, déclencheraient plus de confiance et mettraient ainsi un coup d’arrêt à la spéculation.
Mais pour cela, il faut renforcer la gouvernance européenne avec plus de délégation de pouvoir vers l’Europe. Il faut développer une harmonisation fiscale et budgétaire, respectée par tous avec sanctions en cas de dérives.
Ces émissions de crédits européens permettraient aussi de financer les investissements de long terme, créateurs d’emplois et de relance économique.
Le courage politique, le langage de vérité, la coordination des prises de décisions, la justice sociale, sont des actes majeurs à poser pour que chaque citoyen retrouve la confiance envers les dirigeants nationaux et européens mais aussi au niveau mondial.