C’est dans un contexte toujours marqué par une situation économique et sociale préoccupante que nous nous étions fixés, à Tours en 2010, l’objectif d’anticiper et d’agir partout du local à l’international.
Dans une économie bouleversée par la mondialisation et une société en mutation, notre volonté était de nouer de nouveaux liens avec les salariés. Redonner du sens au collectif tout en y intégrant l’individu. Agir sur la gestion de l’entreprise. Anticiper les évolutions. Renforcer le dialogue social à tous les niveaux. Revendiquer et agir sur les conditions et organisations du travail.
Anticiper les mutations et gérer les transitions, relever les défis du développement durable par des politiques coordonnées ont donc constitué, pour notre organisation, les enjeux de cette mandature pour continuer de lutter contre les injustices et les inégalités, pour gagner de nouveaux droits pour les salariés et les retraités.
La Fédération Chimie Energie s’est inscrite dans cette dynamique et considère que l’activité confédérale a permis de donner de la légitimité et de la visibilité aux orientations que nous nous étions fixées à Tours en 2010, bien que plusieurs points méritent cependant d’être soulignés.
Un des fils conducteurs de cette mandature a été principalement d’axer nos actions sur les pratiques syndicales pour être plus et mieux en lien avec les salariés et nos adhérents, accroître notre audience électorale et notre autonomie.
Cela nécessite aussi une communication et une valorisation de nos actions à la hauteur des enjeux.
Nous avons atteint plusieurs de ces objectifs : sur la représentativité ou encore sur l’amélioration de la qualité du dialogue social, par exemple.
Mais nous n’avons pas été à la hauteur sur le nouveau logiciel en ligne Gasel, ou encore sur la nécessaire réflexion à engager sur l’évolution de nos structures internes.
Gageons que cette nouvelle mandature en sera l’occasion sinon, la CFDT sera en retard sur toutes les confédérations en Europe, et notre poids relatif dans les instances internationales, diminué. Ce serait une erreur stratégique pour l’avenir et la pérennité de notre organisation.
Notre objectif collectif, notre fil rouge pour cette mandature était aussi de nous tourner vers l’avenir tout en répondant aux problématiques du moment, en répondant aux aspirations quotidiennes des salariés. Objectif toujours d’actualité tant les évènements s’enchaînent avec des situations d’incertitudes plus nombreuses que les situations de certitudes, ce qui crée ainsi des difficultés toujours plus grandes pour le syndicalisme, dans nos secteurs industriels en particulier.
Au niveau mondial, les mutations s’accélèrent et obligent à repenser nos modes de développement. Les évolutions démographiques modifient les équilibres de la planète, les économies des pays émergents s’imposent, des enjeux redoutables en matière de climat et d’environnement, d’accès aux ressources vitales, s’accumulent et même si le bien-être social croît globalement, les inégalités se creusent inexorablement ce qui nous pousse à devoir agir avec encore plus de détermination.
L’industrie a un rôle moteur pour la création de richesses. Elle constitue un enjeu majeur pour l’économie mondiale. En Europe, il nous faut parvenir à instaurer un socle social commun à tous les salariés afin de lutter contre le dumping social et fiscal entre pays européens. Il faut construire une politique industrielle, énergétique, commerciale, de recherche et d’innovation européenne. C’est ce que porte notre fédération, IndustriAll European Trade Union, dans le prolongement des engagements de la CES. L’avenir de l’emploi passe par le maintien et le développement d’une base manufacturière forte en Europe, seule à même de relancer l’économie, de permettre la création d’emplois, nombreux et de qualité, tout en assurant la transition vers une industrie respectueuse de l’environnement et vers un nouveau modèle de croissance durable.
La Confédération Européenne des Syndicats (CES) soutient un large plan qui vise à investir annuellement 2% supplémentaires du Produit Intérieur Brut (PIB) de l’Union européenne sur une durée de 10 ans, dans des infrastructures durables : réseaux
énergétiques et de transport transeuropéens, énergies renouvelables, efficience énergétique, services de santé…
En relais, au niveau national, la CFDT revendique une véritable coopération entre entreprises donneurs d’ordre et sous-traitantes dans une même filière, une véritable politique d’investissements publics, une transition énergétique et écologique réussie et la rénovation de la gouvernance des entreprises.
Concernant la transition énergétique, nous pouvons saluer le travail qui aura été mené par la Confédération au cours de cette mandature, en concertation avec les fédérations les plus concernées.
La FCE s’investit avec la confédération au sein du conseil national de l’industrie, des comités stratégiques de filières et dans les branches pour créer les conditions de l’émergence d’une nouvelle industrie, pour un nouveau modèle de croissance avec un puissant pilier social. Notre rôle d’organisation syndicale, défenseur des droits des salariés, de l’emploi et force de propositions doit être reconnu et renforcé, pour ne pas se limiter au seul accompagnement des restructurations et fermetures d’entreprises. La reconnaissance du travail comme source d’innovation et de valeur, et non plus uniquement comme un coût, doit permettre de préserver et développer les compétences collectives et individuelles des salariés dans les entreprises.
Cependant, la communication confédérale doit être plus ambitieuse pour valoriser les prospectives industrielles de demain.
Pour conclure, la Fédération Chimie Energie considère que la confédération doit renforcer son action internationale et adapter sa structuration aux enjeux d’un syndicalisme moderne et plus efficace.
Plus de 90% des salariés ne sont pas adhérents à la CFDT, alors si nous voulons faire progresser nos idées et il nous faut mieux affirmer notre projet.
Un dernier mot pour saluer l’engagement de Patrick et lui souhaiter bonne chance pour ses nouvelles activités, et aussi pour encourager la nouvelle équipe confédérale que nous allons élire pour cette mandature.