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Comparaison n’est point raison

Depuis quelques mois, le président de la République compare la compétitivité du pays principalement avec l’Allemagne...

Depuis quelques mois, le président de la République compare la compétitivité du pays principalement avec l’Allemagne et celle des autres pays de l’Union européenne, pour justifier les mesures législatives prises ou à prendre d’urgence. Déjà en 2007, il voulait copier les Etats-Unis dans le domaine de l’endettement afin que le plus grand nombre de citoyens devienne propriétaire de son logement. La crise des subprimes a vite balayé cette dangereuse approche. Le regard sur les autres pays est indispensable. Mais si comparaison il doit y avoir, elle doit se faire sur la totalité des domaines et tenir compte des différentes cultures de chacun.

Ainsi, l’augmentation de la TVA de 5,5 à 7% nous avait été présentée comme une harmonisation avec le taux allemand. Aujourd’hui, celle de 19,6 à 21,2% nous est exposée comme une diminution du coût du travail, facteur de compétitivité, à l’exemple de la politique menée en Allemagne ces dernières années. Mais, c’est oublier que le transfert des charges salariales outre-rhin correspondait à trois points de TVA (passage de 16 à 19%), minimum requis par les économistes pour être gage d’une certaine efficacité. De plus, l’efficience d’une telle mesure dépend surtout du comportement des entreprises. Et là, l’expérience montre que la culture des patrons en France diffère. L’exemple dans l’hôtellerie-restauration le prouve.

D’autres points, passés aujourd’hui sous silence, sont-ils la suite logique de cette comparaison ? Pas de Smic en Allemagne. Plusieurs années de modération salariale. De nombreux temps partiel et « mini-jobs à 1 euro de l’heure » qui ont accentué la pauvreté et la précarité. Faible politique familiale d’où davantage de femmes au foyer. Les questions d’innovation et de soutien aux PME/PMI doivent aussi être regardées.

Dans ce contexte, la présentation des accords « compétitivité-emploi » à l’allemande nécessite une bonne connaissance de ce sujet. Ces accords n’existent que par dérogation conventionnelle, pour les seules entreprises ciblées en difficultés économiques prouvées. La présence des salariés dans les conseils de surveillance et le système de co-détermination permettent d’en avoir la preuve. De plus, ces accords sont à durée limitée et font l’objet d’un contrôle permanent des partenaires sociaux. Nous sommes loin de l’état d’esprit de la culture française.

La comparaison n’est donc point raison, surtout lorsqu’elle est orientée. Pourtant, la compétitivité de notre pays est un vrai problème. Il est indispensable d’avancer sur ce thème mais la précipitation et la provocation ne facilitent pas la négociation qui s’engage avec le patronat.

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