Nos partenaires

A la une

TROUVEZ LE SYNDICAT LE PLUS PROCHE DE VOUS

Chômage et pénurie

Dans tous les secteurs industriels, les chefs d’entreprise parlent de pénurie de main-d’œuvre ou de difficulté de recrutement.


Dans tous les secteurs industriels, les chefs d’entreprise parlent de pénurie de main-d’œuvre ou de difficulté de recrutement. Le Medef y va aussi de son couplet. Au moment où plus de deux millions de personnes sont toujours inscrites à l’ANPE, ces discours ne manquent pas de surprendre. La FCE fait le point.

Depuis plusieurs mois, les industries de la plasturgie font état d’une pénurie de main-d’œuvre. Des centaines d’emplois ne sont toujours pas pourvus dans la région d’Oyonnax. Des offres proposées par les entreprises sont enregistrées, mais les services de l’ANPE reconnaissent leur incapacité à les satisfaire. Y aurait-il pénurie de main-d’œuvre? Dans les couloirs de l’agence pour l’emploi, on parle plutôt d’inadaptation des chômeurs. Mais de quoi s’agit-il exactement?

Sur le bord de l’Atlantique, au cours de l’année 2000, les patrons vendéens répétaient sur tous les tons leurs difficultés à recruter alors que le secteur de la construction nautique, riche en commandes, voulait embaucher à tour de bras. Là aussi, l’ANPE comme les entreprises de travail temporaire ne pouvaient répondre aux offres d’emplois aussi nombreuses que soudaines.

Non loin de là, dans les Pays-de-Loire, cette notion de pénurie de main-d’œuvre révèle un autre phénomène. On remarque que les salariés les plus jeunes ou les plus récemment embauchés ne craignent pas de quitter leur emploi pour un autre boulot offrant un niveau de salaire qui permette de sortir du Smic.

Ces trois exemples montrent qu’entre chômage, emploi et pénurie la simplification ou les réponses toutes faites ne sont pas de mise. On observe toutefois que le niveau de salaire est un élément important, voire déterminant, que l’on soit chômeur ou déjà salarié. Pour autant, les conditions d’emploi ne s’arrêtent pas à ce seul critère.

Répondre aux besoins et aux attentes

D’autres aspects entrent en ligne de compte, notamment ceux touchant aux conditions de travail. Soulignons l’exemple des industries du caoutchouc dans lesquelles la question des TMS (troubles musculo-squelettiques) exclut des salariés et rebute plus d’un candidat à l’emploi. Après plusieurs semaines d’arrêt de travail dû à des douleurs périarticulaires, voire une première opération, les plus courageux préfèrent jeter l’éponge. Aussi, nombre d’emplois de ce type ne sont-ils occupés que par des intérimaires « qui ne font que passer ».

Des patrons parlent du manque de candidats qualifiés. Mais qu’en est-il ? De nombreux chefs d’entreprise ont une méconnaissance du travail réel. Ils ne peuvent donc définir précisément le profil des salariés dont ils ont besoin. Le recrutement de personnes surqualifiées et très souvent payées au plus juste ne répond ni aux besoins des entreprises, ni aux attentes des salariés.

Anticiper et gérer

Alors, la réflexion sur les questions liées à la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) retrouve plus que jamais toute sa pertinence. Anticiper et gérer au fil du temps à la fois le nombre et la qualité des emplois ainsi que la formation professionnelle est une priorité.
Tel est le défi qu’il faut relever, sauf à considérer que le nombre de chômeurs ne peut être réduit pour cause d’inaptitude irréversible et généralisée des intéressés.

Le retour à l’emploi et la réinsertion ne seraient-ils alors qu’une illusion ? La CFDT répond non et demeure résolument sur l’offensive. Le plan d’aide au retour à l’emploi (Pare) est l’une des traductions concrètes de ce choix « du droit à l’emploi pour tous ! ».

Commissariat au Plan

Un rapport du Commissariat général du Plan intitulé Entre chômage et difficultés de recrutement : se souvenir pour prévoir, développe longuement au long de quelque 200 pages constats et propositions sur le sujet. Ainsi, il note que « les difficultés de recrutement ne sont pas incompatibles avec un taux de chômage élevé mais ne s’apparentent pas à une pénurie de main-d’œuvre. Les difficultés vont même s’accroître à moyen terme en raison des transformations démographiques ». Les dix prochaines années seront marquées par les départs en retraite des enfants du baby-boom. Le rapport identifie les secteurs qui sont les plus touchés. Il « égratigne » le mode de recrutement de certaines entreprises et leurs responsables pour qui les salariés sont une main-d’œuvre interchangeable comme les pièces d’une machine. Ils en oublient que l’on a aujourd’hui plus besoin des capacités des cerveaux des salariés que de la force de leurs bras. Pour corriger un tel état des lieux, le rapport met notamment l’accent sur la nécessité d’adapter en fonction des perspectives du « marché » les formations tant au niveau de l’Education nationale que des entreprises.

À LIRE AUSSI

Send this to a friend