Entre réduction du temps de travail, statistiques et réalités de terrain, des équipes syndicales montrent que les choix d’organisation du travail sont déterminants sur les conditions de vie.
« Ce n’est pas bon, mais ce n’est pas pire ». Ce commentaire un peu ironique illustre, telle une caricature, la situation fragile de nombreux salariés qui perdent insidieusement chaque jour un peu de leur vie à la gagner.
Une enquête du ministère de l’Emploi révèle que le passage aux 35 heures (ou RTT) a permis d’améliorer les conditions de travail d’un salarié sur quatre, tandis que pour deux salariés la situation reste inchangée. Pour le quatrième, l’enquête révèle que les choses se sont plutôt détériorées.
Des accidents très graves
A ce constat, les délégués de la branche caoutchouc, qui planchent sur la question des conditions de travail depuis le début de l’année, ajoutent un certain nombre de faits marquants enregistrés dans le secteur.
« On recense quelques accidents très graves, mais l’on ne compte plus les salariés victimes de lésions périarticulaires ou troubles musculo-squelettiques (TMS) générés sournoisement par des gestes répétitifs ».
Chez Aigle, à Chatellerault, les ateliers de confection des bottes en caoutchouc envoient chaque année plus d’une opératrice à l’hôpital pour une intervention chirurgicale.
Chez Trelleborg, à Carquefou, la fabrication des durits fait penser à Zola. « Une véritable désolation ». Les conditions de travail sont tellement difficiles devant des fours qui marchent 24 heures sur 24, que les intérimaires y sont légions.
Des intérimaires dont les délégués au CHSCT de l’usine Michelin de Cholet ont démontré, enquête à l’appui, qu’ils sont plus souvent victimes d’accidents que les salariés permanents. La fragilité du contrat se répercute donc au niveau de la qualité de vie au travail.
A la frontière du hors-la-loi
Les patrons préconisent la souplesse de l’organisation pour répondre aux aléas de la production. De l’intérim, on passe facilement à une sous-traitance permanente installée dans les ateliers, à la frontière du hors-la-loi.
L’usine Michelin de Joué-les-Tours en est la triste illustration où un accident mortel déclenche une visite de l’inspection du travail qui montre du doigt une organisation frisant le délit de marchandage.
Un tel tableau, hélas partiel, conforte les membres du comité national de la branche caoutchouc dans leur décision d’organiser une session de formation spécifique pour les délégués de CHSCT de la profession.
Objectif Zéro pour tous les salariés
La mobilisation se veut générale face à l’ampleur du problème. L’objectif Zéro accident dans les usines du caoutchouc ne concerne pas les seuls salariés en contrat à durée indéterminée (CDI) mais tous ceux qui travaillent chaque jour entre les murs des entreprises.