La Nouvelle Savonnerie de France, en difficultés, n’a pas trouvé de repreneur. Une soixantaine de salariés n’a désormais pour perspective que licenciement et chômage, pour cause de négligences patronales.
Jusqu’en 2000, le groupe allemand Henkel est resté propriétaire de la savonnerie du site de Yainville (Seine-Maritime). En 2005, des difficultés croissantes conduisent la savonnerie au dépôt de bilan. Elle est toutefois reprise par le groupe Unhycos, spécialisé dans le négoce de produits d’hygiène. Mais en octobre 2007, la Nouvelle Savonnerie de France (NSF) informe le comité d’entreprise de sa situation. « On ne peut plus faire face aux échéances. Les dettes accumulées envoient de nouveau l’entreprise devant le tribunal de Commerce. Le dépôt de bilan est inévitable. Il faut donc qu’un repreneur s’intéresse à l’entreprise et y injecte des moyens financiers. A défaut, ce sera la liquidation judiciaire. » La situation est sérieuse.
On est loin des résultats positifs qu’affichent les industries de la chimie pour l’année 2007. La NSF, marquée par une succession de bilans négatifs depuis plusieurs années, subit la flambée du prix des matières premières. Les corps gras, notamment le suif, sont particulièrement impactés par le développement du marché des biocarburants, mais aussi le prix de l’énergie. Et, véritable coup de poignard, le groupe Henkel annonce de ne plus se fournir chez NSF, mais de passer ses contrats avec des entreprises de l’Est européen !
Les déclarations par Henkel de son « soutien », plus hypocrite que sincère, aux candidats repreneurs auront été sans effet. Car, au bout de l’échéance fixée par le tribunal de Commerce, il n’y aura pas de reprise. Le 1er avril dernier, la liquidation a été annoncée. Les salariés errent désormais dans l’usine arrêtée, dans l’attente d’un plan « social » et le paiement de leurs salaires par l’Assurance garantie des salaires. Une cellule de reclassement devrait être mise en place… Mais sur un bassin d’emplois qui reste marqué par le chômage, l’absence de gestion anticipée de l’emploi montre à quel point les salariés sont, comme des citrons, pressés puis jetés.
Pour l’équipe locale CFDT, il est à craindre que toutes les savonneries encore en activité en France ne se trouvent entraînées dans cette spirale destructrice d’emplois et de produits de qualité, qu’alimentent des industriels de la chimie à la recherche de profits toujours plus grands.