Bonne nouvelle pour le dévelop-pement durable. Les militants du syndicat Champagne-Ardenne prennent en charge l’avenir d’une petite entreprise spécialisée dans la fabrication de films plastiques pour la maroquinerie. Elle utilise des produits dangereux que les normes européennes obligent à revoir. Les coûts de fabrication seraient ainsi plus élevés et feraient craindre un dépôt de bilan. Et comme il n’y a pas de Comité d’entreprise (moins de 30 salariés), l’information n’est pas accessible. Le syndicat a donc mis en place un groupe de travail pour épauler le DS.
Les experts d’Idéforce sont également mis à contribution. Tout ce petit monde a commencé à phosphorer. Carlos Hernandez, le responsable de la section syndicale, « attire l’attention sur les protections des salariés qui ne sont pas toujours respectées.» Agostinho Cunha, élu dans une centrale nucléaire, évoque la dangerosité des phtalates «que l’on retrouve dans la composition des biberons et de certains jouets.» Utilisés pour assouplir le plastique, ils représentent 90% des débouchés actuels de l’entreprise. Bernard Miller, jeune retraité, et Gérard Tindillière, élu dans un autre établissement, se portent volontaires pour rejoindre le groupe de travail du syndicat. Déjà, ils pointent de nouvelles questions : « mais où sont déposés les déchets produits par l’entreprise, ne peut-on pas les recycler ?»
Valérie Delplace, la déléguée fédérale en charge du développement durable, suit avec minutie la réflexion et n’hésite pas à s’engager dans le débat. Elle pointe du doigt la situation sociale des salariés. «Présents depuis longtemps dans l’entreprise, ils n’ont jamais eu de formation, avec des salaires peu élevés. En cas de licenciements, dans un bassin d’emplois déjà sinistré, le risque est grand de les voir rester sur le carreau.» Bernard Piras, le secrétaire général du syndicat, s’interroge sur le comportement des investisseurs. «L’entreprise est rattachée à un groupe, mais quelle est sa politique industrielle ? Se préoccupe-t-elle de conserver en France son activité ?» Le groupe de travail champardennais expérimente pour la première fois la prise en charge syndicale selon la méthode d’analyse du développement durable. Prochaine étape : une rencontre avec l’employeur. Jouera-t-il le jeu de la responsabilité sociale ?