Depuis trois ans, la CFDT exprime son inquiétude quant à la situation et au devenir de l’entreprise CF. Gomma. Elle a interrogé la direction, tant sur les bilans négatifs que sur les réorganisations en cours. Faute de réponse, la CFDT veut mobiliser les salariés.
Le 6 juin 2005, les salariés de l’entreprise CF. Gomma étaient invités par la section syndicale CFDT à débattre publiquement de la question du devenir de leur entreprise. « La mobilisation et l’intérêt que les salariés portent aux questions qui touchent à l’avenir de l’entreprise et par là même à leur propre avenir, sont des éléments que la direction doit pleinement mesurer et apprécier dans sa façon d’aborder le « plan social » qu’il faudra probablement ouvrir
» pouvait-on lire dans le tract distribué aux salariés. Objectif de l’équipe CFDT : marquer le coup et interpeller la direction de l’entreprise restée muette sur la question. La FCE-CFDT, son syndicat breton, la CFDT de la région rennaise et le cabinet d’expertise Syndex étaient aussi de la partie ce jour-là.
De nombreuses interrogations
Les interrogations des salariés de l’entreprise ont été nombreuses. « Pourquoi est-on là à se poser la question de la pérennité de l’entreprise ? (
) A qui la faute, la direction locale ou la direction italienne du groupe ? (
) Quel a été le rôle des clients, notamment de Peugeot, et celui de la Fédération patronale du caoutchouc ? (
) Quelle a été l’incidence du marché de l’automobile ? »
Les interrogations ne s’arrêtent pourtant pas là. « Quel sera le sort réservé aux salariés si l’avenir se révèle sombre, notamment en terme d’emplois ? (
) Pourquoi la direction cache-t-elle la réalité aux salariés ? » Et ce n’est là qu’un échantillon des questions auxquelles il faut trouver des réponses.
et quelques réponses
« La CFDT agit pour que cela change. Mais elle ne peut le faire seule, sans un fort soutien des salariés. C’est pour cela que cette rencontre du 6 juin est en mesure de montrer clairement que les 2000 salariés se préoccupent de leur avenir. C’est aussi l’un des moyens de faire valoir ses droits, notamment celui à l’information. ( ) La CFDT a demandé qu’une négociation se mette en place pour aller vers un accord de méthode. En clair, il s’agit d’obtenir les informations que doit donner l’employeur afin d’établir un état des lieux précis de la situation. Il faut ici malheureusement souligner que FO, organisation majoritaire, refuse d’avoir recours au droit d’alerte. »
Et la direction de rester muette comme elle le restera encore lors du comité d’entreprise européen qui se tiendra quelques jours plus tard en Italie, les 14 et 15 juin. La direction italienne, quant à elle, y confirmera la difficile situation du groupe. En Allemagne, mais aussi en Italie, des mesures de chômage vont réduire l’activité des salariés. Pour la Pologne, la direction italienne ne craindra pas de dire que là aussi l’objectif est de réduire les coûts. Elle soulignera que des projets de développement existent pour la Roumanie et la Chine
Pour la France et l’établissement de La Barre Thomas, près de Rennes, la direction italienne soulignera le manque d’activité pour cause de rupture de commandes, et précisera « qu’il faut prendre des mesures pour corriger le résultat négatif du site ». La seule solution qu’évoquera la direction italienne est le rachat du groupe par un repreneur industriel ou un financier. Elle affirmera que la situation du groupe pourrait alors se rétablir pour la fin de l’année 2007.
Pour la CFDT présente au comité d’entreprise européen, tous les propos avancés n’ont pas été convaincants. Il y a tout lieu de rester perplexe quant à l’avenir, tant du groupe que de
l’établissement français de La Barre Thomas.
Depuis, la direction française a présenté le bilan de l’année 2004 au cours d’une réunion extraordinaire du comité d’entreprise qui s’est tenue le 27 juin. Elle a déclaré que les comptes ne sont pas « fabuleux », a ajouté que les délocalisations sont à l’ordre du jour et a souligné que la solution du repreneur restait la solution prioritaire.
Pour la CFDT qui flaire le plan social à moyen terme, l’anticipation est possible. Pour autant que les salariés se mobilisent !
Le droit d’alerte
C’est une procédure qui permet de mettre à jour des situations inquiétantes et d’obtenir des informations au plus tôt. Un outil pour négocier des contreparties avant qu’il ne soit trop tard.
La procédure est entamée par le comité d’entreprise ou les délégués du personnel lorsqu’ils estiment avoir
« connaissance de faits de nature à affecter de manière préoccupante la situation économique de l’entreprise. »
(article L.432-5 du Code du travail).