Trois mois après la catastrophe de Toulouse, les causes de l’explosion ne sont toujours pas identifiées. Pour l’instant, aucune enquête en cours n’a permis d’établir des conclusions définitives sur la nature du détonateur qui a provoqué l’explosion des ammonitrates stockés dans le hangar 21 de l’usine AZF. Les activités du pôle chimique (AZF, SNPE de Tolo chimie, Isochem) sont toujours à l’arrêt total. Les dernières déclarations de Lionel Jospin, à l’issue du débat national, ont donné lieu à une communication de la FCE auprès des médias.
Après l’explosion de l’usine AZF de Toulouse, la FCE-CFDT avait écrit au Premier ministre pour lui demander d’organiser un processus de discussion au plan régional et national sur le risque industriel. Cette dynamique a été mise en œuvre dans le cadre de 26 rencontres régionales et conclues provisoirement par une réunion nationale le 11 décembre dernier. Syndicalistes, représentants de la population, chefs d’entreprises, élus locaux et pouvoirs publics ont pu confronter leurs analyses et leurs préoccupations.
Les attentes et les expressions des uns et des autres ont été évidemment très diverses, voire opposées sur certains points. Cela n’a rien de surprenant pour des acteurs débattant pour la première fois ensemble d’un problème aussi complexe et vaste que celui du risque industriel et ses conséquences sur l’économie, les entreprises, la population et les salariés.
Les salariés au centre des débats
Les salariés, justement, ont été au centre des débats. D’abord parce que le facteur humain est essentiel dans la qualité et la sécurité des processus de fabrication. Aussi, parce que les salariés sont les premières victimes lors d’accident comme le démontre tristement le lourd bilan de Toulouse ou 24 travailleurs du pôle chimique figurent parmi les trente tués.
La FCE a rappelé qu’il n’est pas acceptable d’avoir recours à la sous-traitance comme à une zone de franchise sociale. Ainsi, quelles que soient les conclusions de l’enquête, personne ne peut nier que l’accident de Toulouse s’est produit dans une partie de l’usine sous-traitée à une entreprise prestataire et que treize des vingt-trois employés décédés sur le site étaient des sous traitants. Il faut une sous-traitance qualifiée et ciblée pouvant donner lieu à un label couvrant les questions de formation et de sécurité.
Accroître les compétences des CHSCT
Pour notre fédération, comme nos militants l’ont rappelé dans les débats régionaux, il est nécessaire d’accroître les compétences des CHSCT vers la prise en compte de l’environnement. Cela veut dire que dans l’ensemble des institutions représentatives de personnel (CE, DP), on doit pouvoir négocier collectivement la prévention des risques de pollution et d’accident en décloisonnant les débats et en associant régulièrement les élus locaux et la population environnante.
Une loi en projet
Le Premier ministre a conclu ce processus de débat national en indiquant qu’un projet de loi sur les risques industriels sera préparé par le ministre de l’environnement. Ce projet devrait passer en première lecture au Parlement en février 2002. Il traitera notamment de l’extension des prérogatives des CHSCT vers les sous traitants, des problèmes de l’urbanisme autour des sites à risque. Ce dernier point, le plus délicat politiquement, sera décisif et rejoint une préoccupation très ancienne de notre fédération. Au-delà du drame de Toulouse, c’est donc un vaste chantier qui attend les militants de la FCE-CFDT pour tout faire afin de tendre vers le risque zéro dans les entreprises de notre champ fédéral toutes branches confondues.