En 10 ans, la manufacture Michelin a changé ses relations avec les partenaires sociaux. Retour sur les négociations de 2011.
Dans l’entreprise Michelin, la modernisation des relations sociales ne s’est pas arrêtée au concept. Depuis maintenant 10 ans elle s’est traduite dans les faits. Tout n’est pas parfait, loin s’en faut, mais aujourd’hui les équipes des différentes sections syndicales peuvent mesurer le chemin parcouru. Il a fait passer ces relations d’un paternalisme d’un autre âge à un dialogue social plus conforme à l’idée que défend la CFDT.
Tout a commencé en 1999 quand Edouard Michelin prend la succession de son père François, et entreprend de sortir l’entreprise des rapports sociaux d’un autre âge, non par philanthropie, mais parce que cela lui semble nécessaire pour remobiliser le personnel. Une brèche s’ouvre. La FCE-CFDT saisit cette opportunité, non sans difficultés car il faut bousculer plusieurs années d’immobilisme même chez ses militants. Cela s’est traduit par l’accord « historique » sur les 35 heures, validé à l’époque par un référendum, une véritable révolution chez Michelin !
A la suite de ce tsunami social, des militants CFDT sont partis, ou ont rejoint, les rangs d’autres organisations syndicales. La CFDT a dû se reconstruire avec de nouveaux militants. Pari gagnant puisqu’elle est maintenant la deuxième organisation syndicale du groupe avec une bonne représentativité dans plusieurs entreprises, notamment au sein de la maison mère à Clermont-Ferrand. Le secrétariat du Comité Européen est aujourd’hui tenu par un élu CFDT et les négociations dans le groupe sont bien installées et font l’objet d’un agenda social défini par les organisations syndicales et la direction du groupe.
Après une année 2010 qui s’était terminée par la conclusion de deux accords sur les salaires minima et réels, accords signés par la FCE-CFDT malgré des propositions de la direction pas tout à fait en phase avec celles de la CFDT, notamment sur les salaires réels, l’année 2011 a été riche en négociations.
Ainsi l’année a débuté avec la signature, par toutes les organisations syndicales, d’un accord sur les modalités d’abondement 2011 du Plan d’Epargne Retraite Collectif Groupe (perco).
Les autres négociations, ouvertes en début d’année, concernaient une pléthore de sujets. La discussion sur l’intéressement pour la période 2010-2013, a été finalisée. La FCE-CFDT a pour principal objectif de définir des critères atteignables afin d’avoir un complément de rémunération valorisant le travail et les compétences de chacun.
Autre thème de négociation, celui d’un accord dérogatoire à l’accord sur la participation, a été ouvert le 26 janvier à la demande de la FCE-CFDT et a été conclu en février.
Une des plus importantes négociations pour la FCE-CFDT est aussi en cours, il s’agit de celle sur les classifications des agents, une catégorie de personnel qui a les salaires les plus bas et les conditions de travail les plus difficiles.
Les militants FCE-CFDT ont aussi négocié la fusion entre les établissements « Paris-Breteuil » et « ViaMichelin » en lien avec la nouvelle équipe CFDT de ViaMichelin.
En marge des négociations susnommées, des discussions ont lieu sous forme de brainstorming pour alimenter un projet direction baptisé « Elan Vers l’Excellence ». Ce projet a pour objectif l’amélioration de la performance de l’entreprise, la FCE-CFDT se devra donc d’être particulièrement vigilante concernant les solutions proposées.
Au cours de l’année les militants ont aussi planché sur la pénibilité et les salaires, avec malheureusement peu d’avancées significatives. Sur l’accord salaires, la direction privilégie les augmentations individuelles au détriment des augmentations générales et, sur la pénibilité, il n’y a aucune avancée importante concernant la compensation.
Les différents militants de l’interliaison réunis à Paris en décembre 2011 ont fait un tour d’horizon des différentes négociations en cours, une non-signature sur les salaires et la pénibilité était plutôt l’option qui se dégageait des discussions.
La modernisation des relations sociales est maintenant un fait dans l’entreprise Michelin mais beaucoup de chemin reste à faire. Pour les militants, un travail sur une syndicalisation plus forte doit être mené afin d’améliorer la représentativité de la CFDT, cela passe par un véritable travail de proximité avec les salariés. Le délégué syndical central et les différents responsables en ont bien conscience et un travail est déjà engagé dans ce sens.
La fédération apportera son savoir-faire et ses différents outils pour que ce travail soit une réussite.