Le 3 mai dernier, la production de l’usine de pneumatiques Bridgestone à Béthune s’arrêtait définitivement. Les 863 salariés se retrouvant à la recherche d’un nouvel emploi, et pour les plus « chanceux », en préretraite. Il aura fallu moins de 8 mois pour que le japonais Bridgestone, numéro 1 mondial, mette son plan de fermeture à exécution. Cette unique usine française du Groupe a été ouverte à l’origine en 1961 par la firme Firestone.
Ce sont deux ou trois générations de salariés qui sont touchées par cette fermeture. Fin avril, moins de 20% des salariés avaient retrouvé un contrat ailleurs. Si les espoirs de voir un repreneur de pneumatiques se sont vite envolés devant les conditions drastiques émises par Bridgestone, ce dernier a signé avec SIG un accord par lequel la société nordiste s’est engagée à racheter l’intégralité du site de Béthune pour une somme symbolique, afin de le transformer en pôle pouvant accueillir des activités logistiques, technologiques et industrielles. Dès lors, plusieurs porteurs d’activité se sont manifestés, la reprise est suivie directement par la ministre de l’Industrie Agnès Pannier-Runacher, qui invite les élus du CSE et la FCE-CFDT à participer à ces réunions.
Cette fermeture n’est finalement une surprise pour personne, l’entreprise n’ayant réalisé aucun investissement sérieux depuis des années. La production de pneumatiques de tailles inadaptées au marché des voitures européennes (diamètre des pneus trop petit) n’a fait qu’accentuer ce manque de compétitivité. Un droit d’alerte mené par le cabinet Syndex en 2018 avait déjà pointé ce risque de fermeture. La négociation d’un accord de Performance collective, en avril 2019, rejeté par 60% des salariés, n’aurait pas changé le sort de l’usine. Cet accord était conditionné par « l’absence de crise économique majeure », la Covid aurait donc annulé les quelques engagements de maintien d’emplois prévus. Un choix audacieux a été fait par la CFDT, 2e organisation syndicale, en prenant le leadership des sept organisations syndicales (le secrétaire du CSE étant, par ailleurs, CFDT) dès l’annonce. Le souvenir des luttes sans fin des « Conti » et des « Goodyear » étant encore dans toutes les mémoires. Il n’y aura pas de grève dure, sauf quelques actions symboliques, comme une marche blanche en octobre, une journée d’action en novembre et un rassemblement le jour de la fermeture. La priorité insufflée par la CFDT à l’intersyndicale sera la seule négociation.
Un accord de méthode sera signé deux jours après les annonces par l’ensemble des organisations syndicales du site. Cet accord, exemplaire, donnera des moyens inédits aux représentants du personnel et rallongera le délai légal du PSE. Pendant 5 mois, accompagné par Syndex et un avocat pour chaque préparatoire et plénière, c’est un accord d’un niveau sans précédent pour un site industriel qui sera signé par les sept organisations syndicales. Pour exemple, la prime de départ moyenne s’élève à 106 000 euros. La FCE-CFDT soutiendra les militants qui continuent à accompagner leurs collègues au travers de la cellule de reclassement et au sein de la commission de suivi afin qu’ils ne se retrouvent sans solution.
La FCE-CFDT remercie Stéphane, Denis, Mathieu, Sébastien et Jonathan pour leur engagement.