Le Syndicat Chimie Energie Bourgogne (Sycebo), sous l’impulsion de son secrétaire général Eric Prélewicz, a bien compris l’importance pour la CFDT de se développer. Peser sur les choix des décideurs passe par un rapport de force suffisant. Lequel passe d’abord par le grand nombre d’adhérents. Multiplier le nombre d’adhérents pour assurer la force de la CFDT, voilà une des priorités du Sycebo.
Au Sycebo, le développement de la CFDT est bien l’affaire d’un collectif. Une équipe motivée pour dynamiser le développement constitue donc le Comité d’action pour le développement, le Cad. Des actions, l’équipe en a déjà à son actif.
LE DÉVELOPPEMENT, L’AFFAIRE D’UNE ÉQUIPE. Le Cad se réunit une fois par trimestre. Il a commencé par effectuer un diagnostic des sections syndicales d’entreprise, puis a réalisé un plan de rencontres de ces sections. Il a donné les orientations et les objectifs de travail en ciblant les sections qui devaient être aidées en priorité, soit à se développer, soit à mieux fonctionner avant de pouvoir se développer.
Malgré l’actualité sociale très riche en évènements (régimes spéciaux de retraite, délocalisations, plans sociaux, fermetures de sites, etc.), le Cad a rencontré 22 sections. A l’avenir, ce travail de terrain et de contact avec la base militante sera encore renforcé. A chaque réunion départementale de proximité, c’est-à-dire à chaque réunion des secteurs locaux de coopération comme à chaque réunion des comités territoriaux de branche, de nombreux rendez-vous avec les sections ont été initiés afin de se rencontrer pour mieux se connaître : l’équipe du Cad et les équipes militantes. Ensemble, elles peuvent partager leurs expériences de fonctionnement, appréhender leurs difficultés et leurs points forts, et améliorer leurs pratiques syndicales.
Le Cad a également pris en main l’ « Opération Parrainage », idée originale pour booster les adhésions Il s’agit d’inciter les adhérents qui sont en contact permanent avec leurs collègues de travail, à proposer l’adhésion sans tabou ni hésitation. Cela permet à la fois de motiver les équipes présentes au sein des sections, mais aussi d’impulser une dynamique d’adhésion.
Une autre piste a été lancée pour faire connaître la CFDT et essayer de s’implanter dans les entreprises où elle n’est pas représentée. Il s’agit de négocier le protocole préélectoral, lorsque les entreprises avertissent les syndicats de l’organisation des élections professionnelles. Ce travail est accompagné de la distribution d’un tract pour faire connaître la CFDT et le Sycebo.
Un DVD a même été créé pour faire découvrir le syndicat aux nouveaux militants. Cette présentation ludique permet de mieux connaître le fonctionnement et les différents responsables du syndicat. Une réalisation qui répond directement au besoin des militants de découvrir la structure du syndicat.
En bref, une dynamique est lancée et commence à porter ses fruits. Prise en charge collective de la nécessité de développer la CFDT, et pratiques syndicales de proximité, voilà ce que le Sycebo compte bien poursuivre et amplifier à l’avenir.
L’ « OPÉRATION PARRAINAGE ». Et si chaque adhérent faisait une adhésion ? ça doublerait le nombre d’adhérents. Voilà comment Eric Prélewicz, secrétaire général du Sycebo, a réussi à booster les adhésions à la CFDT en Bourgogne. « Sans cette opération, qu’on a appelée « Parrainage », notre syndicat aurait été en difficultés. Le principe de base est simple. Si chaque adhérent propose l’adhésion à la CFDT à un collègue de travail, ça double le nombre d’adhérents. Principe simple, sympa, accessible, objectif réalisable : tout pour plaire ! Et ça m’a plu. Cette idée, qui a émergé d’un groupe de travail au cours d’une formation Développement organisée par la fédération, s’est vite imposée à moi comme évidente. »
Si l’idée est là, il faut ensuite la mettre en œuvre. « J’ai commencé par me demander comment susciter l’intérêt, comment donner envie de faire. Pourquoi ne pas offrir des cadeaux à ceux qui joueraient le jeu ? Oui, mais lesquels ? Où les trouver, comment les financer ? En demandant à des partenaires de nous sponsoriser ? Et j’ai pensé aux partenaires avec lesquels le syndicat travaille régulièrement : la fédération bien sûr, mais aussi la Macif, AG2R, Chèque Déjeuner, etc. En les intégrant à l’opération tout en valorisant leur produit, c’est gagnant-gagnant et coût zéro pour le syndicat.
J’ai ensuite pris contact avec les partenaires. Ils étaient tous partants. J’avais alors assez d’éléments pour présenter le projet à l’équipe Cad du syndicat qui avait besoin d’une démarche nouvelle pour dynamiser le développement. Ma crainte était qu’ils trouvent la démarche trop commerciale. Mais ils ont accroché tout de suite. La responsable Développement a immédiatement vu les bénéfices potentiels en termes de développement. Après une discussion en Conseil syndical, on a décidé d’expérimenter l’opération sur six mois. »
Une fois tout le monde d’accord pour démarrer l’opération, il restait à la mettre en œuvre concrètement. « Nous avons envoyé un courrier aux partenaires pour expliquer l’opération et récupérer les cadeaux. Puis, informé toutes les sections pour qu’à leur tour elles informent leurs adhérents. L’information leur a été donnée dans nos périodiques mensuels et trimestriels que reçoit chaque section. »
Et pour qu’un adhérent devienne parrain, il lui suffit de faire un nouvel adhérent. « Un argumentaire a été réalisé à l’intention des adhérents pour les inciter à oser. Oser discuter avec un collègue, oser proposer l’adhésion à des salariés qui l’attendent peut-être. Ils savent en outre que tous les parrains seront récompensés. Aussi sont-ils incités à faire le plus d’adhérents possible. Il est aussi prévu que les dix meilleurs parrains reçoivent les plus gros lots et même qu’un lot surprise attende le parrain le plus dynamique… » Certains qui n’avaient jamais fait d’adhésion jusque-là ont alors essayé, et ont été surpris du bon accueil des salariés. ça y était, la dynamique était lancée. Aujourd’hui, certains se lancent parfois des défis et se prennent au jeu de proposer l’adhésion. Jusqu’à Eric lui-même, qui se prend au jeu. « Le parrain est indiqué sur chaque bulletin d’adhésion. Je répertorie les bulletins et les parrains sur un listing que j’ai créé pour l’occasion. Je connais ainsi exactement combien d’adhésions sont liées à combien de parrains. J’en fais un tableau de suivi. »
Quant aux résultats de cette opération, ils sont légion. « De nombreuses adhésions, jusqu’à des créations de section. On ne pourrait plus s’en passer aujourd’hui. D’ailleurs, l’opération démarrée expérimentalement sur six mois est désormais reconduite sur l’année complète. Elle est devenue partie intégrante de notre fonctionnement. »
Cette « Opération Parrainage » aura également permis d’abolir le tabou de la proposition d’adhésion, même chez des militants qui n’ont pas encore suivi la formation Développement. Et puis, tout se fait naturellement. Le rôle du parrain n’est pas défini, pas écrit, mais le parrain devient le référent pour le nouvel adhérent. Cela permet de mieux fidéliser les adhérents. Ils deviennent davantage acteurs, intégrant ensuite la section syndicale. Et si ça fonctionne en Bourgogne, pourquoi pas ailleurs ?