Depuis plusieurs années, le secteur des industries électriques et gazières (IEG) est dans la tourmente. La situation est paradoxale, car il est évident que le gaz et l’électricité ont un avenir certain.
Le gaz est l’énergie carbonée qui permettra d’accompagner la transition énergétique. Il n’aggrave pas la pollution aux particules fines, qui devient un véritable fléau urbain en France ; ses sources d’approvisionnement sont bien réparties mondialement, les équipements de liquéfaction (bateaux méthaniers) permettent de diversifier les fournisseurs, la technologie est éprouvée, de la chaudière gaz du particulier à la turbine industrielle, de la petite voiture au véhicule technique lourd. Le compteur communiquant Gazpar est en cours de déploiement, et permettra la connexion avec les innovations numériques. Par ailleurs, une production nationale renouvelable (biomasse) émerge et devrait se développer.
L’électricité est LE fluide énergétique de la nouvelle économie. Elle sera, comme le gaz, distribuée à travers un compteur communiquant, Linky, qui va à la fois simplifier la facturation, améliorer l’efficacité du dépannage réseau et ouvrir les usages. Tout électron produit sur le sol national contribue à la santé de la balance commerciale française (et européenne. Pour mémoire, l’Europe importe chaque jour rien de moins qu’1 milliard d’énergie fossile, une véritable saignée pour les équilibres économiques…).
Et pourtant Engie et EDF présentent des situations financières préoccupantes. Certaines causes sont identifiées, comme le versement de dividendes beaucoup trop importants par rapport à l’état des comptes; comme le boulet constitué par des dettes contractées en période faste et désormais difficilement remboursables ; comme la concurrence sévère du pétrole et du charbon. Comme l’arrivée sur un marché déprimé de nouvelles capacités solaires et éoliennes subventionnées et prioritairement injectées dans les réseaux. Comme les taxes toujours plus importantes autour des factures d’électricité et de gaz qui font qu’au final la molécule de gaz et l’électron sont sous-valorisés.
Logiquement, le consommateur devrait être le grand gagnant de cette rigueur pour EDF et Engie, mais, non, même pas ! Et ce dans tous les pays européens…
Ainsi, la politique énergétique européenne, caractérisée par un dogme simpliste consistant à imposer un modèle délirant, conjuguant concurrence féroce, subventions massives et taxes, le tout sans aucune vision globale de l’indépendance énergétique de l’Europe ni des problèmes de pollution de l’air, est un désastre absolu ! Aucune autre zone économique dans le monde n’a réussi l’exploit de mettre en difficulté tous ses « ex-champions » (EDF, ENGIE, EON, RWE, ENDESSA, ENEL, etc.).
Syndicalement, nous constatons que les dirigeants commencent désormais à rogner les paramètres sociaux, qu’ils repèrent comme un curseur « à leur main », contrairement à d’autres précités. Pour la CFDT, c’est une lourde erreur à plusieurs titres :
• Les industries électriques et gazières sont des industries de pointe. En termes de sécurité, elles mobilisent des compétences, du professionnalisme et cela se paye, pas de « low-cost » salarial ou d’impasse sur la sécurité !
• Lorsque le cycle difficile actuel se terminera, probablement en 2018-2019, il faudra être pleinement opérationnels pour rebondir, ce sera impossible si une politique sociale mal calibrée a cassé la compétence collective.
La CFDT compte bien défendre le modèle social des IEG, donc la motivation des agents qui n’ont pas postulé un jour dans les IEG par hasard. Cet ADN mixant missions de service public et performance est le meilleur rempart des entreprises pour survivre dans les périodes difficiles. •