La CFDT, comme le syndicalisme européen et international, avait condamné en son temps la décision unilatérale des Etats-Unis d’entrer en guerre contre l’Irak. A l’époque, nous condamnions cet acte hégémonique qui selon nous n’apporterait que chaos, incompréhension des populations, et renforcerait de fait les extrémistes de tout poil. La période récente nous a malheureusement donné raison, en créant une situation complexe sur fond de terrorisme permanent.
Dès le début, nous avions milité pour une solution politique, voire militaire dans un second temps, qui se serait appuyée sur une résolution de l’ONU, instance mondiale représentative et légitime, et qui aurait été partagée par les différents pays qui y siègent. Et tout en ayant une attitude très critique envers les Etats-Unis, la communauté internationale n’a jamais cautionné le pouvoir autoritaire de l’ancien régime irakien. Bien au contraire.
Mais aujourd’hui, une page semble se tourner. Tant du point de vue relationnel avec les Américains qui souhaitent entretenir des relations avec les pays européens sur de nouvelles bases, que du point de vue de l’Irak où s’installe peu à peu une situation plus conforme à nos démocraties occidentales depuis les élections du mois dernier. Le pari qu’ont fait les Etats-Unis, de passer en force pour in fine imposer une démocratie de type occidental, sont-ils en train de le gagner ?
Il est quand même un peu tôt pour parler de réussite. D’autant que l’exercice de la démocratie se mesure aussi dans la capacité des gouvernants à mettre en place et à faire vivre des institutions représentatives.
Cependant, la mise en place d’un scrutin de cet ampleur, dans un tel contexte de terreur, est certes une avancée significative. Le taux de participation de la population à cette élection, de l’ordre de 60 %, est lui aussi exceptionnel à plusieurs titres. D’abord il fait pâlir d’envie nos démocraties occidentales usées par l’exercice démocratique, et dont les taux de participation aux élections restent souvent bien en deçà du résultat irakien. Il démontre ensuite le courage et la détermination d’un peuple qui, pour se rendre aux urnes, brave les injonctions terroristes et les menaces de mort. Il peut enfin s’interpréter par la volonté farouche des citoyens irakiens de reprendre leur destin en main, de retrouver leur autonomie et d’écrire une page d’histoire plus conforme à leurs traditions et leurs valeurs communautaires.
S’il est aujourd’hui difficile de tirer des enseignements de ce qui vient de se passer en Irak, il est néanmoins probable que le peuple irakien, en mettant son bulletin dans l’urne, ait condamné les actes de terreurs qu’il subit et affirmé sa détermination à retrouver la paix. Et si un vent démocratique venait à survoler cette région du monde, c’est l’humanité tout entière qui en sortirait gagnante.