Le procès AZF est bien un procès pas comme les autres. Plus de 1200 personnes étaient présentes le 23 février pour son ouverture, avocats, experts, parties civiles, presse, public.
Cette première semaine aura surtout été marquée par la citation directe demandée par l’association des sinistrés du 21 septembre 2001 de voir comparaître en qualité de prévenu la société Total SA et M. Thierry Desmarest en qualité d’ex-président directeur général.
Maître Veil, avocat de la défense, considère cette citation directe irrecevable, puisque la chambre d’instruction et le parquet ont déjà statué sur cette question et qu’aujourd’hui, aucun fait nouveau n’est avancé et considère qu’ils ne peuvent être jugés deux fois. Il demande que le tribunal statue immédiatement sur cette citation directe.
Le procureur de la République a pour sa part conclu à l’irrecevabilité puisque le tribunal avait déjà tranché. Par contre, il a demandé la jonction des deux dossiers (Grande Paroisse et Total).
Ce sont ensuite les avocats des parties civiles qui sont venus à la barre. L’intervention principale fut celle de Maître Simon Cohen. Dans une longue plaidoirie, il a demandé « Pourquoi Total et Desmarest sont-ils à ce point inquiet de prendre le risque d’un jugement ». Sur le fond, il considère que Total et M. Desmarest n’apparaissent pas dans le non-lieu de 2006, sauf par le lien capitalistique ? Pour lui, l’absence de Total serait tout simplement indécente. Il a rappelé que des pièces sous scelées n’ont été disponibles qu’après l’ordonnance de renvoi. Celles-ci pouvaient conduire à faire comparaître Total et son ex président. Enfin, il a évoqué une autre question, souvent évoquée par les représentants du personnel, celle de la place et de l’influence des groupes dans la société. Après délibération, le tribunal annonce que la décision sur la demande de recevabilité de comparution de Total est renvoyée au fond, c’est-à-dire, au moment du jugement du procès, en novembre. Enfin après débat contradictoire, le tribunal ordonne la jonction du dossier dit principal concernant Grande Paroisse et son directeur, et celui, dit secondaire, qui concerne Total et son ex-président.
La FCE-CFDT, qui s’était associée à la citation directe, considère que cette décision du tribunal conforte son analyse de voir prendre en compte la dimension du groupe industriel intégré dans l’établissement de la chaîne des responsabilités. Mais pour la FCE, la priorité reste la recherche des causes et des circonstances de l’explosion.