C’est l’histoire d’une entreprise familiale, située à Briec en périphérie de Quimper dans le Finistère (29), qui fabriquait à l’origine des persiennes en bois, avant de développer son activité avec le marché des volets en plastique d’abord, puis avec toute la gamme des fermetures : volets, fenêtres, portes, portails, en plastique et en aluminium. Elle compte aujourd’hui environ 210 salariés.
Dans cette entreprise, comme dans beaucoup d’autres, le syndicalisme n’était pas le bienvenu. Le syndicat CFDT Chimie Energie Bretagne a distribué régulièrement des tracts aux portes de l’établissement afin de s’y implanter. Avec l’accompagnement de Yann Poirier, référent du syndicat, la section CFDT a été créée en 2011, juste avant les élections professionnelles, pour lesquelles une liste a été présentée. Pour les dirigeants, l’arrivée de la CFDT, c’était un peu le loup qui entrait dans la bergerie. Comme beaucoup dans la Plasturgie, l’entreprise était alors une entreprise familiale, locale et paternaliste, sans dialogue, les salariés baissaient la tête, étaient peu motivés, peu formés. Ils ne pouvaient espérer aucune évolution. Les conditions de travail étaient mauvaises, et il y avait beaucoup de souffrance. Sous la houlette de leur futur délégué syndical Pascal Noizet, ils se sont lancés pour ne pas subir plus longtemps. L’implantation a réussi malgré les manœuvres de la direction pour empêcher les gens de voter. Les débuts ont été difficiles, le dialogue social a eu du mal à se mettre en place, la direction n’acceptant pas la présence syndicale et l’obligation de devoir partager des informations sur la conduite de l’entreprise. Il a fallu aussi apprendre à négocier.
Pour la jeune section, le lien avec les salariés était et reste important. Elle fait régulièrement des tournées d’ateliers et de bureaux. Elle tient une permanence pour les salariés et veille à renouveler régulièrement l’affichage syndical. Elle a aussi entrepris de lancer une enquête Flash sur les conditions de travail. C’était il y a quatre ans. Les résultats lui ont permis d’entreprendre un travail de négociations. Les revendications issues des conclusions de l’enquête ont permis d’améliorer les conditions de travail et donc la qualité de vie au travail. Conséquence : moins d’arrêts du personnel, meilleures productivité et qualité. Cela a été gagnant pour les salariés comme pour l’entreprise. La section CFDT a démontré qu’il existait un plafond de verre pour l’évolution des femmes dans l’entreprise. Avec l’amélioration des conditions, ce plafond a sauté et a permis à tous d’évoluer et de faire diminuer les TMS. Les années 2014 et 2015 ont été difficiles à cause de la crise du bâtiment, les chiffres de l’entreprise ont chuté. Grâce au rapport de force issu du travail de terrain, et avec l’aide du syndicat Bretagne, la section a pu convaincre l’entreprise d’envoyer du personnel en formation et de traverser la crise sans licencier. La montée en compétences du personnel a permis de financer la création de produits innovants. L’entreprise a traversé la crise sans plan social et a pu assurer le retour des commandes avec un personnel plus qualifié. Depuis, le dialogue avec la direction s’est amélioré. La CFDT a démontré sa capacité à apporter des solutions aux problèmes. Le 10 janvier 2016 ont eu lieu les élections du personnel, la liste CFDT a été élue au premier tour. 98% du personnel a voté, avec une représentativité à 100%. Bien sûr, rien n’est jamais acquis, mais cela démontre que le dialogue social au bénéfice de tous est possible aussi dans les PME. Il donne du crédit à la politique entreprise par la branche pour développer le dialogue social.