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Au cœur du procès AZF

Le procès AZF est commencé depuis plus d’un mois (presque deux)...


Le procès AZF est commencé depuis plus d’un mois (presque deux). Le chargé de mission fédérale sur les risques industriels majeurs, René Jacquot revient sur différents éléments de ce procès. Interview.

Quels sont les objectifs de la FCE-CFDT au cours de ce procès ? La CFDT s’est portée partie civile, pour avoir accès aux pièces du procès et pouvoir intervenir quand cela nous paraît nécessaire. La FCE-CFDT, par son champ de compétence est mandatée par la Confédération, l’Union régionale interprofessionnelle et l’Union départementale Midi-Pyrénées pour organiser le suivi du procès dans son ensemble et la communication. Nous travaillons en lien étroit grâce à un groupe de coordination qui se réunit régulièrement.

La CFDT, comme tous dans cette affaire, souhaite connaître les causes de l’explosion du hangar 221. En tant qu’organisation syndicale partie civile, nous souhaitions rappeler que les salariés ont été doublement victimes de l’explosion, blessés, atteints dans leur chair et en perdant leur emploi.

L’organisation de la sécurité, du travail, la maîtrise de la sous-traitance sont sur la sellette dans ce procès. La CFDT interviendra sur ces points lors des audiences.

La CFDT entend rappeler qu’elle ne veut pas laisser ces questions à la seule appréciation des exploitants.

Au cours de la première semaine, le juge a décidé que le groupe Total et son ex-PDG Thierry Desmarest soient également au banc des accusés. Que pense la CFDT de ce premier revirement ? La société Grande Paroisse (AZF étant l’appellation de l’usine de Toulouse) est une filiale du Groupe Total. Ce Groupe étant très intégré, il était logique que la holding et son PDG de l’époque soient aussi sur le banc des accusés.

Pour ces raisons, la CFDT s’est associée aux parties civiles portant cette demande.

De la part du président du tribunal, ce n’est pas un revirement, plutôt du pragmatisme : un appel sur le rejet de cette demande aurait suspendu le procès, mobilisant des moyens énormes.

La FCE-CFDT considère que cette décision du tribunal conforte son point de vue sur la notion de groupe intégré et considère que la recherche des causes et des circonstances de l’explosion reste la première des priorités.

Pourquoi y a t-il autant de partie civile ? (Environ 2 400) Le procès AZF est un procès hors norme pour une catastrophe heureusement unique : quatre mois de procès, près de 2 400 parties civiles, une soixantaine d’avocats, des centaines de témoins, une trentaine d’experts.

Parmi les parties civiles, il y a d’abord les familles des victimes décédées (dont vingt et un salariés travaillant sur le site).

Entre un quart et un tiers des bâtiments (habitations, collèges, lycées, hôpitaux, etc.) toulousains ont été atteints à des degrés divers. Le nombre total des victimes s’élèverait à plusieurs dizaines de milliers, 9 500 recensées. Plusieurs centaines se sont portées parties civiles à titre individuel. D’autres se sont regroupées en associations (les anciens salariés, les riverains, la ville de Toulouse, les administrations …).

Après quatre semaines de procès, penses-tu que nous saurons quelles sont les causes de cette explosion ? Je suis chargé de mission sur les Risques industriels majeurs à la fédération Chimie Energie. Chimiste de formation, Toulousain, j’ai commencé ma vie professionnelle dans cette usine d’AZF. Je suis aujourd’hui salarié chez Total. Ma femme travaillait à 800 mètres du hangar qui a explosé. Ma maison a subi des dommages et a aujourd’hui des fenêtres neuves dénommées fenêtres « AZF ».

Pour toutes ces raisons, tant personnelles que professionnelles, pour les copains, pour les salariés qui continuent à fabriquer ces produits tant en France que dans le monde entier, j’aimerais savoir avec certitude ce qui s’est effectivement passé ce matin du 21 septembre 2001 à 10 h 17.

La lecture des rapports d’expertise montre que la thèse retenue par le juge d’instruction (mélange de produits incompatibles), reste plausible pour la fédération. Mais elle ne convainc pas certains grands spécialistes. Les semaines à venir vont être l’occasion d’une belle querelle d’experts.

Il n’est pas sûr qu’il en sorte des certitudes sur l’origine de l’explosion. Je le regretterais.

Néanmoins, je ne suis pas homme à rester sur des regrets. Le procès rouvre le débat sur les risques industriels majeurs, sur la sous-traitance et sur l’organisation du travail et de la sécurité, profitons de l’occasion !

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