A l’occasion de la Journée mondiale contre le racisme, la Commission nationale consultative des Droits de l’Homme remettait le 21 mars dernier son rapport au gouvernement, comme elle le fait depuis onze ans maintenant. Ce document fait état d’une inquiétante progression du racisme latent dans l’opinion publique. Davantage de citoyens s’avouent racistes et les opinions xénophobes gagnent du terrain. Dans le même temps, et c’est là tout le paradoxe de cette photographie pour 2005, les actes de violence et les menaces à caractère raciste et antisémite sont en net recul par rapport
à 2004.
Un sondage CSA, effectué en novembre 2005, soulignait déjà la banalisation du racisme en France. Un Français sur trois se déclare ouvertement raciste : un taux en progression de 8 % comparé à 2004. La majorité des citoyens interrogés (63 %) estime que certains comportements peuvent justifier des réactions racistes et que le nombre d’étrangers en France est trop important. Dans le même temps, ceux qui considèrent que les immigrés qui travaillent, participent à l’essor de l’économie du pays, sont en très net recul.
La progression des préjugés xénophobes appelle à se re-mobiliser dans la lutte contre le racisme. A l’approche des élections présidentielles, certains propos d’hommes politiques qui amalgament les violences médiatisées et la population étrangère, sont irresponsables et stigmatisent ainsi les étrangers. De fait, ces propos participent du rejet grandissant de l’Autre, en lui faisant jouer le rôle de bouc émissaire de tous les maux de notre société. La tentation du communautarisme, perceptible lors des débats sociétaux, par exemple sur la laïcité, le port du foulard islamique ou bien les caricatures de Mahomet, participe aussi à renforcer le repli sur soi favorisant le développement du racisme primaire. Les discours concernant les étrangers se radicalisent. Le terme « immigration » désigne pêle-mêle les immigrés, les Français d’origine étrangère, jusqu’aux habitants des départements d’Outre Mer. Il est devenu le catalyseur de toutes les difficultés du moment, et concentre toutes les peurs : celles du chômage, de l’exclusion et de l’avenir.
Face à ce constat alarmant, la CFDT, avec d’autres dont les associations anti-racistes, doit relancer une pédagogie active sur ce thème dans les quartiers et dans les entreprises, comme elle a su le faire dans les années 80. Les outils existent. Il suffit de se les réapproprier pour faciliter le contact avec les citoyens et les salariés. Face aux propos démagogues et opportunistes, les valeurs comme la fraternité, et le concept du « vivre ensemble » selon les règles de la République, doivent être réaffirmés avec force.