C’est à Budapest, au mois de juin dernier, que s’est tenue l’assemblée générale de notre fédération européenne, l’Emcef (fédération européenne des mines, de la chimie et de l’énergie). Le choix de la capitale hongroise souligne la volonté fédérale de voir sans tarder s’élargir l’Europe sociale et économique.
Sur ce point, les syndicalistes européens ont une longueur d’avance, puisque trente-deux pays sont déjà représentés au sein de l’Emcef (voir encadré).
«Je vous invite à ne pas fermer les yeux sur les réalités telles l’exclusion et le chômage, terreau sur lequel se développent les idées extrémistes. Il nous appartient de définir un modèle social qui assure une existence décente à chacun. Cela passe par la garantie d’un emploi, mais aussi le droit d’expression. La mise en œuvre de l’euro a un impact positif mais ne peut remplacer les garanties sociales que les syndicalistes doivent contribuer à mettre en place ». C’est dans ces termes qu’Hubertus Schmoldt, président de l’Emcef, a ouvert la séance devant plus de 120 délégués, mettant l’accent sur la montée de l’audience de l’extrême droite en Europe.
Il a salué l’attitude volontaire et positive des pays candidats à l’Union européenne (UE) qui, dans la période probatoire, sont marqués par les efforts et les sacrifices consentis entraînant parfois un certain mécontentement. Il a ensuite déclaré : « Il faut aider les pays candidats par une limitation des charges et exigences qui leur sont imposées ».
Pour conclure, le président n’a pas manqué d’exprimer son inquiétude quant aux critiques formulées à l’égard de l’Europe par une partie du syndicalisme turc.
Entrée de la Hongrie
Au nom des syndicats hongrois, Gyorgy Paszternàk est intervenu pour dire son optimisme à la veille de l’entrée de la Hongrie dans l’UE. Il n’a pas caché que le pays revient de loin, tout comme les syndicats qui ont dû se battre durant plus de dix ans pour maintenir leur existence.
Invité, le Premier secrétaire d’Etat du ministère hongrois du Travail déclare à la tribune : « La présence de l’Emcef à Budapest est un honneur. Notre nouveau gouvernement formé à l’issue des récentes élections, reconnaît les syndicats comme des partenaires. Le ministre se préoccupe d’instaurer le dialogue pour aller vers des négociations et des accords. Il faut, dans notre pays, remettre sur pied les instances nationales tripartites ainsi que les commissions paritaires des conventions collectives.
Le gouvernement a identifié les questions prioritaires : revenir sur les suppressions d’articles du Code du travail imposées par le précédent gouvernement, augmenter les salaires, réduire le temps de travail de 40 à 38 heures, garantir la formation professionnelle tout au long de la vie ».
Rapport d’activité
Après cette intervention remarquée, Reinhard Reibsch, secrétaire général de l’Emcef, a présenté le rapport d’activité de la fédération. Il en a souligné les points forts. « Après une série de rencontres « préliminaires » tenues bien avant 2000, la récente mise en place d’un groupe européen des employeurs de la chimie (ECEG) a permis l’organisation de premières réunions paritaires. La prochaine aura lieu en décembre 2002. Il s’agit là d’une véritable avancée sur le terrain du dialogue social. Ce thème est une priorité de l’Emcef. Du côté du secteur de la plasturgie, un accord a été signé avec les employeurs. Il a été suivi d’une réunion paritaire à Varsovie sur les questions liées à la fabrication du PVC. Des rencontres ont eu lieu sur la formation professionnelle. Des accords ont aussi été signés dans le secteur de l’énergie et le secteur minier. Des pourparlers ont lieu dans le papier-carton.
Du côté de l’organisation interne de l’Emcef, les comités sectoriels (les branches professionnelles) et les comités intersectoriels (l’énergie, la société européenne, les comités d’entreprise européens, etc.) occupent une place importante. Ils se réunissent une fois par an et font le point sur leurs réalités respectives. Des réunions supplémentaires sont organisées en fonction de thèmes ou événements particuliers».
Le secrétaire général souligne que « Le comité « chimie » et le comité « énergie » sont confrontés et questionnés par la Commission européenne sur des dossiers d’importance. C’est le cas du livre blanc sur la politique chimique. C’est aussi la libéralisation des secteurs électrique et gazier. Une telle sollicitation est l’occasion d’obtenir des informations de plus en plus précises et d’importance. En revanche, elle oblige à des prises de positions claires sur des dossiers sensibles.
Les comités santé-sécurité et environnement sont particulièrement concernés avec la question du développement durable et celle de la santé sur le lieu de travail. A cela s’ajoute la prise en compte des directives communautaires sur l’emballage et les déchets ainsi que la révision de la directive Seveso II.
Quant aux comités d’entreprise européens, l’Emcef en compte aujourd’hui 190 sur son champ fédéral. Il reste environ 125 entreprises dépourvues d’accord. L’Emcef a organisé en son sein un « comité ad hoc » chargé d’assurer le suivi des CEE. Ce comité sera d’autant sollicité que la révision de la directive devrait fixer le seuil de création à 500 salariés ».
Quant au travail engagé sur la politique conventionnelle européenne, Reinhard Reibsch précise que : « Le travail engagé sur ce thème consiste à réaliser une comparaison entre les différentes conventions collectives qui existent dans les pays européens. Comparaison qui permettra ensuite d’aller vers un rapprochement ». Soumis à l’avis et au vote des délégués présents, le rapport du secrétaire de l’Emcef a été approuvé à l’unanimité.
Plusieurs débats
Le travail des délégués s’est poursuivi par une succession de débats engagés sur la base de documents envoyés aux affiliés plusieurs semaines avant la rencontre. Ainsi l’assemblée générale a pris position et validé une série de textes sur : l’émission des gaz à effet de serre ; l’élargissement de l’Union européenne et l’extension du champ d’activité de l’Emcef à l’Europe centrale et orientale ; l’activité de l’Emcef en direction des comités européens ; l’Europe et la solidarité internationale.
Une motion intitulée « Résolution pour la paix au Moyen-Orient » a été adoptée moins deux abstentions. Le débat entre les délégués a souligné le drame vécu par les peuples palestinien et israélien mais aussi la responsabilité des deux protagonistes dans l’escalade du conflit.
Une motion d’actualité a été rédigée et adoptée. Elle demande que l’enquête sur l’explosion survenue chez AZF à Toulouse face la clarté sur ce qui s’est passé. Elle condamne les récentes gardes à vue à l’encontre de salariés.
Le dernier document soumis à la discussion propose des hypothèses de modifications des structures statutaires de l’Emcef afin d’en améliorer le fonctionnement. Le texte a ouvert un débat qui s’est montré difficile par les alternatives qui se dessinent. Aussi, le président a proposé que la réflexion et ce débat se poursuivent jusqu’au prochain congrès.
Enfin, une résolution présentée par les Espagnols propose que les intérêts collectifs des travailleurs soient la référence pertinente pour modéliser la fédération européenne. L’assemblée a donné mission au présidium (voir encadré) d’examiner cette demande au cours de ses prochaines réunions.
A l’issue des deux journées de travail, les délégués ont pris rendez-vous pour la prochaine assemblée générale en mai 2003 aux Pays-Bas.
La Hongrie fait grandir l’Europe
Les œnologues plébiscitent le Tokaj et les gastronomes le goulasch. Les mélomanes se réfèrent à Franz Liszt ou Béla Bartok. Mais la Hongrie s’illustre aussi par sa capitale, Budapest, chargée d’une Histoire à la fois mouvementée et douloureuse. Aujourd’hui, la Hongrie se distingue avec un dossier quasiment bouclé, celui de sa candidature à l’Union européenne. Des 29 chapitres ou critères d’entrée, 24 sont réglés. La perspective d’être « européen à part entière » prévue pour le 1er janvier 2004 ne devrait subir aucun retard. Ce sera alors une satisfaction pour les Hongrois qui se déclarent à 70 % favorables à l’intégration de leur pays à l’Europe.
Constituée de 6 pays en 1952, l’Union européenne n’a cessé de grandir. En 1973 ils sont 9, puis 10 en 1981 et 12 en 1986. Depuis 1995 l’Europe rassemble 15 pays.
Chaque nouvel élargissement a apporté des avantages aux citoyens européens, qu’ils soient issus des anciens ou des nouveaux Etats membres. La croissance européenne vers l’Est ouvre de nouvelles perspectives aux entreprises, mais aussi permet une adoption plus vaste des normes (droits politiques, garanties sociales, consommateurs et environnement).