Le « feuilleton » électoral que nous venons de vivre n’aura pas été avare en rebondissements. Ces événements méritent un arrêt sur image pour tenter d’en tirer, avec beaucoup d’humilité du fait du peu de recul, les premiers enseignements. En tant que syndicalistes, cet exercice est essentiel. Nous devons nous interroger sur ce qui peut changer demain, au regard des comportements et des repères qui ont été bousculés durant cette campagne.
La façon différente de faire de la politique, par les principaux acteurs, a généré beaucoup d’espoirs. Est-ce une métamorphose qui s’opère, ou s’agit-il de postures uniquement de campagne ? Dans le même temps, phénomène nouveau, les comportements de certains responsables politiques n’ont plus été guidés uniquement par les positionnements de leurs partis. L’investissement individuel prendrait-il alors le pas sur le caractère collectif du militantisme ?
A y regarder de plus près, ces comportements sont cohérents avec le type de campagne que nous venons de vivre, tant sur la méthode que sur les idées qui ont été développées. Les discours politiques ont été directs, s’adressant à l’individu, partant d’exemples vécus au quotidien et généralisés pour en tirer des slogans et des réponses souvent bien perçus. « Travailler plus pour gagner plus », « Aimer la France ou la quitter »… autant de formules qui témoignent d’une logique affichée de « donnant-donnant». Cette campagne de séduction se sera aussi très largement appuyée sur les médias et les sondages. Elle aura pesé sur l’opinion publique, tant par le choix des thèmes que par les annonces à l’emporte-pièce qui ont jalonné les mois précédant le scrutin.
Enfin, la personnalité du président de la République, omniprésent sur tous les dossiers, pourrait nous interroger sur le fonctionnement et les marges de manœuvre du gouvernement. Va-t-on vers un régime présidentiel ? Et cette façon de faire autrement de la politique aura-t-elle un impact sur le dialogue social et la façon de faire du syndicalisme ?
Pour la CFDT, la démocratie sociale doit être renforcée en laissant toute leur place aux partenaires sociaux. Face à un président et un gouvernement très déterminés, la question du rapport de force est, pour nous syndicalistes, essentielle, si nous voulons nous faire entendre et obtenir toujours de nouvelles garanties pour tous les salariés.