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Agnès Legoff a choisi un métier dit « masculin » : Ajusteur-érodeur mouliste !

Agnès Legoff est déléguée syndicale CFDT chez Wirquin Plastiques en Loire-Atlantique (fabricant d’équipements sanitaires)...

Agnès Legoff est déléguée syndicale CFDT chez Wirquin Plastiques en Loire-Atlantique (fabricant d’équipements sanitaires). Elle y exerce le métier d’ajusteur-érodeur mouliste (une dénomination très masculine) qu’elle pratique depuis une trentaine d’année. Son entreprise compte un peu plus de 260 salariés répartis entre 51% de femmes et 49% d’hommes. On peut donc constater une sorte d’égalité statistique.

Agnès est titulaire, par choix, d’un BEP en micromécanique suivi par une année complémentaire de fraiseur-mouliste. Une spécialisation qui est le fait du hasard. Etant en recherche d’orientation (son père refusant qu’elle suive une formation en cuisine), c’est en allant à une journée « portes ouvertes » du lycée d’un de ses frères qu’elle découvrit, avec un grand intérêt, toutes les possibilités de réalisations permises par la possession de cette qualification. Le fruit d’un heureux hasard et non le résultat d’une aide structurée à l’orientation scolaire.

Le contexte économique au moment de son embauche (en 1987) a permis que le comptable de chez Wirquin lui téléphone pour lui proposer d’abord un CDD. Son lycée avait transmis ses coordonnées. Une autre époque. Elle intégrera l’atelier de mécanique où, dit-elle, « l’accueil fut très correct, associé à beaucoup de curiosités à son égard, particulièrement des collègues féminines des autres ateliers, croisées dans le vestiaire dédié ». Elle était alors vêtue d’une blouse de travail de couleur bleu turquoise qui était évidemment tâchée de graisse, et ses mains étaient abimées (désormais elle est équipée de gants et est dotée d’une salopette à la coupe masculine). L’ensemble – mains et vêtements tâchés – suscitait la méfiance des regards féminins. Quelle mauvaise idée, cette blouse, car outre son inadaptation en matière de sécurité, elle marquait une différence vestimentaire symbolisant un regrettable stéréotype sexué, puisque ses collègues masculins étaient dotés de salopettes de travail bien plus pratiques pour la même fonction en électroérosion. Notons que cette pratique n’a rien à voir avec l’apprentissage initial des techniques de fraiseur mouliste. Oui, mais il y avait déjà deux fraiseurs. 

Agnès dut apprendre seule cette autre activité à l’aide d’un livre technique remis par son chef d’atelier, accompagné de l’injonction de l’étudier. C’est seulement quelques années plus tard qu’elle pourra faire une formation. Au début de sa carrière, Agnès fut accusée de prendre la place d’un homme. Opinion aujourd’hui dont l’expression est dissoute bien qu’encore présente dans des esprits. Même si les conditions physiques d’exercer son métier se sont améliorées du fait de l’évolution des techniques, peu de femmes de son entourage professionnel osent ou oseraient exercer ce métier. Certaines le considèrent trop physique. Aujourd’hui, Agnès est satisfaite de son métier qui lui offre une autonomie d’action et de la variété. Elle démontre clairement que celui-ci est mixte. Il reste un couac, elle est moins bien rémunérée que ses collègues masculins. •

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