L’Association pour l’Europe solidaire et pour la Coopération méditerranéenne (AESCOOMED) a été créée au printemps 2008 par la FCE-CFDT, la FIA-UGT espagnole et la FEMCA-CISL italienne. Rencontre avec Christophe Quarez, délégué fédéral.
Mag FCE : Christophe, tu es chargé des questions européennes au sein de la FCE-CFDT. Peux-tu nous préciser le rôle de cette association qui semble trouver une place entre notre fédération européenne, l’Emcef, et notre fédération mondiale, l’Icem ?
Christophe : notre fédération Chimie-Energie (FCE-CFDT) est effectivement affiliée et actrice au sein des deux structures internationales de la chimie de l’énergie et des mines, tant au niveau européen qu’au niveau mondial. Pour autant la FCE a largement développé les coopérations et les travaux avec les organisations affiliées. Dans le cadre de nos liens avec les allemands de l’IG BCE, l’accord de coopération remonte à 1999. Avec nos amis espagnols de la FIA-UGT et les italiens de la FEMCA-CISL, un accord de coopération est venu concrétiser en 2003 une collaboration initiée antérieurement.
La création en 2008 de l’association AESCOOMED est la traduction concrète de l’engagement, pris en 2003, d’appréhender les réalités des pays du pourtour méditerranéen au moment où s’ouvrait plus largement l’espace européen. Le magazine de février 2009 avait alors souligné l’événement.
Mag FCE : effectivement, c’est là une référence d’information incontournable ! Mais peux-tu nous représenter AESCOOMED ?
Christophe : l’association est aujourd’hui présidée par la FEMCA, la trésorerie est confiée à la FIA et la direction générale à la FCE. L’association est de droit français et a pour objet le développement d’une vision européenne commune, l’échange d’informations entre les fédérations sur toutes les questions liées à l’économie, au social, à l’environnement, aux relations industrielles et au dialogue social. C’est aussi le développement d’un travail en commun dans les comités d’entreprise européens, ainsi que la promotion de la coopération avec les pays non européens du pourtour méditerranéen.
Au-delà, les fédérations syndicales membres de l’AESCOOMED veillent à adopter des positionnements communs sur les questions importantes traitées au sein de l’EMCEF et de l’ICEM. Ainsi, la création de la future fédération européenne de l’industrie, (regroupant la fédération européenne de la métallurgie, du textile et l’EMCEF) a fait l’objet d’échanges pour déterminer une position unique sur les questions relatives au fonctionnement de la future organisation.
Mag FCE : qu’en est-il des premiers travaux de l’association ?
Christophe : la période de crise économico-financière que nous avons connue à la fin 2008 nous a un peu recentrés sur nos problématiques respectives. Cela a décalé la tenue de notre première initiative. Les champs des trois fédérations fondatrices étant quasi identiques, c’est tout naturellement que le premier colloque a été organisé en mars 2010 à Barcelone sur le thème : « Energie, politique industrielle et dialogue social en Méditerranée ». Il s’est tenu avec la participation de représentants des organisations patronales européennes Eurelectric et Eurogaz, de l’ICEM et de syndicats tunisiens, algériens et belges.
En ce moment, AESCOOMED travaille à l’organisation d’un événement européen sur les conséquences sociales de la crise économique pour les sous-traitants de l’automobile.
Les principaux thèmes abordés seront : les restructurations, les délocalisations et l’emploi dans l’industrie automobile, ainsi que les relations entre les équipementiers et les fournisseurs. Mais aussi « comment assurer l’employabilité par la formation tout au long de la vie et la promotion des compétences ».
Un autre événement est également en cours de préparation. Il concernera les enjeux de la protection sociale des deux cotés de la méditerranée.
Mag FCE : Les choses semblent bien enclenchées et nous notons que les syndicalistes belges étaient présents à Barcelone. S’agit-il là d’une ouverture ?
Christophe : notre initiative de coopération syndicale rencontre un certain succès auprès d’autres fédérations. Certaines devraient rejoindre l’AESCOOMED en 2011 : la fédération SINDEL portugaise, la CSC belge et la CFTC chimie française ainsi que le cabinet de conseil Syndex.
Le syndicat tunisien de la pétrochimie (UGTT) est également intéressé, mais, comme le prévoient les statuts d’AESCOOMED, il devra au préalable être affilié à l’ICEM.
Au moment ou les enjeux de politique industrielle européenne n’ont jamais été aussi importants, AESCOOMED permet par la coopération syndicale, d’élaborer des analyses et des réponses communes pour préserver l’emploi industriel et la protection des salariés.