Première implantation syndicale chez Fournier à Dijon, la section syndicale CFDT a 12 ans. Depuis sa création, la CFDT est vecteur de progrès social pour les salariés. Les dernières élections se sont déroulées sous les nouvelles règles de représentativité. Les salariés ont choisi de consolider la position CFDT, la mettant seule aux commandes du Comité d’entreprise (CE) et de la négociation collective.

Construire les listes de candidats, ça s’anticipe ! Jacques Amiot, délégué syndical CFDT explique « D’habitude, les élections se préparent quelques semaines avant. Cette fois, nous avons travaillé bien en amont. » Mi-2008, avec Thierry Boucher, secrétaire adjoint du CE ils arpentent les couloirs des services. Ils ciblent certains sympathisants, candidats CFDT potentiels. « Notre objectif était de les convaincre de nous rejoindre » précise Jacques. La démarche est longue, au final, sept adhésions dont trois cadres.

Comprendre la loi et impliquer les élus et les adhérents. Con-sciente que les nouvelles règles de représentativité vont changer la donne, la section participe à la journée d’information organisée par le syndicat Chimie Energie Bourgogne (Sycebo). Puis elle fait en sorte que tous les élus et adhérents connaissent la loi : réunions, informations. Chacun pouvant à son tour, expliquer les règles à ses collègues.

Les syndicats s’organisent. La CGT, l’UNSA, FO et la CFTC décident de faire liste commune pour prendre la majorité. La CFDT n’entre pas dans ce jeu. Cela ne l’empêche pas d’agir en intersyndical, pratique courante, appréciée des salariés. Dans ce contexte, la CFDT pourrait paraître « diviseur ».

Mais son point fort est de constituer des listes diversifiées, sans cumul de mandat : quatorze candidats différents pour quatorze sièges à pourvoir. La CFDT maintient sa ligne et met les salariés dans le coup. Thierry et Jacques sont candidats aux élections prud’homales. Occasion de mobiliser les salariés et de montrer qu’un syndicat s’occupe aussi de préoccupations individuelles des salariés.

En décembre 2008, le site de production est vendu à un sous-traitant. La section soutient le délégué syndical local, pour la défense de l’emploi. Les salariés suivent très massivement l’appel à la grève. Jacques note : « Première grève depuis 1890 à Fournier ! La direction n’y croyait pas, même si les résultats ont été limités ».

Début 2009, la CFDT informe les salariés par tract : leur vote va être déterminant pour les négociations futures. 80 participent à l’assemblée générale CFDT, tous intéressés par la nouvelle loi sur la représentativité et le programme CFDT qui met l’accent sur la défense l’emploi.

«Ce qui m’a marqué c’est le contact direct avec les salariés et l’intérêt qu’ils ont porté à notre programme » précise Jacques, « nous avons pu leur expliquer en direct nos objectifs et argumenter.»

Tel est pris qui croyait prendre. Le 29 janvier, premier tour des élections, la liste des quatre fait 31 % des voix, soit moins de 10 % chacune. Aucune d’entre elles n’est représentative, aucune ne peut désigner un délégué syndical.

La CFDT obtient quatre sièges sur cinq au Comté d’entreprise. Et presque tous les sièges en délégué du personnel.

La CGC obtient 22 % dans le collège cadres. Elle n’est pas élue donc pas de représentant syndical au Comité d’entreprise. Elle peut désigner un délégué syndical qui ne pourra négocier que pour les cadres.

« Nous avons été sonnés car nous ne nous attendions pas à maintenir notre score. Certains salariés disaient voter pour la liste des quatre pour maintenir leur représentativité » précise Jacques.

Tenir la barre. La négociation annuelle obligatoire (NAO) va commencer. La CFDT sera seule à pouvoir négocier et signer pour tous les salariés. « Ça ne va pas changer notre ligne car nous avions l’habitude de nous déterminer par nous-mêmes » affirme Jacques. « Nous allons préparer les négociations avec nos adhérents et définir nos revendications face aux bons résultats de Solvay Pharma. Il faudra veiller à ce que l’absence des autres n’affaiblisse pas notre rapport de force. »

Cet épisode a renforcé la cohésion interne de l’équipe CFDT face à l’adversité. Mais il faut éviter la dérive l’institutionnelle. Jacques ajoute : « nous imaginons des parades pour garder ce nouveau lien avec nos adhérents et les salariés. Et puis, nous avons constaté que proposer l’adhésion n’est pas si difficile et ça marche. Pourquoi ne pas le faire dès qu’on rend un service à un salarié, ça serait un juste retour des choses. »

Jacques reste réaliste : « Les élections passées, le plus gros reste à faire, surtout dans la période agitée que nous traversons ». C’est un sacré défi !

LE GROUPE SOLVAY EST CONSTITUE DE 3 BRANCHES D’ACTIVITE

– Plasturgie : site de Chevigny St Sauveur, Compiègne, Laval…

– Chimie : site de Tavaux, Dombasle, Salin de Giraud

– Pharmacie : . Chatillon sur Chalaronne (Ain) : production.
. Dijon / Daix (Bourgogne) qui regroupe le siège (environ 100 salariés), le centre de recherche (environ 250 salariés) et le centre recherche et développement à Suresnes (22 salariés).
. Suresnes abrite aussi toute la partie commerciale : marketing et visiteurs médicaux.