L’institut Idéforce s’est doté de deux ergonomes. Qu’est-ce que l’ergonomie ? L’ergonomie (ergon signifie travail en grec) a pour but de comprendre la situation de travail d’un opérateur dans sa globalité (dimensions physiques, organisationnelles et humaines). Elle vise à la transformer, pour adapter le travail à l’homme. En ce sens, l’ergonomie participe à l’amélioration des conditions de travail. Elle œuvre à la préservation de la santé et la sécurité des personnes. L’ergonomie des Interfaces Homme-Machine (IHM) L’IHM constitue un des domaines d’investigation de cette discipline. Celle-ci consiste à étudier les propriétés visuelles et structurelles d’un système technique appe lé interface. Il s’agit d’en appréhender les interactions avec leurs utilisateurs. Une interface peut prendre des formes variées : un site web, un portail intranet, un logiciel ou encore un système de traitement et/ou de supervision de l’information. A titre d’illustration, Idéforce est actuellement missionné pour réaliser une expertise CHSCT en vertu de l’article L. 4614-12 du Code du Travail. Cette mission consiste à évaluer l’ergonomie d’un système existant de conduite centralisée de fabrication de produits chimiques.
Ce type d’expertise peut intervenir en évaluation ou, dès l’amont, en conception. L’objectif est de favoriser ou améliorer l’utilité et l’utilisabilité du système technique. Mais que recouvre le terme utilisabilité, propre à l’ergonomie des IHM ? Lors de la mise en place d’un système d’exploitation informatique, les opérateurs, novices comme experts, peuvent éprouver des difficultés d’adaptation mais surtout d’utilisation liées aux caractéristiques du système. L’utilisabilité se définit comme le degré de facilité d’utilisation d’une interface homme-machine pour : se repérer, effectuer des opérations, recevoir des feedbacks appropriés, obtenir des informations aisées à percevoir et à comprendre… Sur le plan ergonomique, deux aspects sont abordés : le premier, le visuel ou graphisme du système (à ne pas confondre avec des questions esthétiques) et le second, qui fait référence à la structure du système (le schème). Sur ce dernier point, tout se passe comme si on analysait un « disque dur ».
L’ergonome des IHM dispose de plusieurs méthodes d’investigation. Selon la phase du projet, certaines sont plus adaptées que d’autres. Elles peuvent impliquer plus ou moins les opérateurs. L’approche est soit individuelle, soit collective. Nous en présentons maintenant un échantillon.
Le test utilisateur : l’ergonome définit un scénario de tâches qu’un opérateur réalise en situation. La séque nce est enregistrée ou non. L’expert observe le comportement de l’utilisateur dans son mode de travail, de recherche, de prise de l’information… Globalement, cette méthode permet de relever les difficultés rencontrées par l’opérateur en les mettant en relation avec les caractéristiques du système.
L’analyse de l’activité. L’ergonome observe un opérateur ou un groupe d’opérateurs en situation de travail pour saisir les éventuels dysfonctionnements du système. Il relève aussi les modes de régulations utilisés par les opérateurs pour compenser les difficultés rencontrées, voire pour les contourner.
Les focus group sont des groupes de discussion. Ils sont composés d’un animateur et des utilisateurs du système étudié. L’animateur a pour but d’obtenir des informations relatives aux opinions et aux attitudes des personnes face au système utilisé ou à concevoir. Le focus group peut aussi se centrer sur un thème spécifique autour duquel s’articuleront les discussions.
L’évaluation dite « heuristique ». Les ergonomes évaluent les aspects de surface (graphisme) et de profondeur (structurelle) du système selon une liste de critères. Après l’étape d’évaluation, ces experts, au nombre minimum de deux, se concertent pour mutualiser leur notation et s’accorder sur leur évaluation.
L’analyse concurrentielle. Elle consiste à étudier un système dit concurrent car proche fonctionnellement de celui actuel. Cette méthode comparative fait ressortir les aspects positifs et négatifs. Elle est souvent utile pour fournir des pistes d’améliorations du système existant.
Plus l’expert intervient tardivement (l’extrême étant l’évaluation de l’interface existant,), moins ses propositions de modification pourront être intégrées. Pour adopter une démarche centrée sur l’utilisateur et donner une place centrale aux besoins des opérateurs, le CHSCT devra donc faire intervenir, le plus en amont possible, un expert dans le cadre de tout projet modifiant de manière importante les conditions de travail.