Depuis le mois d’octobre 2008, la FCE-CFDT avait interpellé la direction de l’usine de Continental Clairoix sur les risques de la fermeture de l’usine picarde. Avec le plus grand mépris pour ses salariés, celle-ci a toujours démenti cette information. Elle a poussé la provocation, allant jusqu’à manipuler l’organisation syndicale majoritaire, la CFTC, qui, avec une crédulité pour le moins incompréhensible, a défendu bec et ongle les propos de la direction sur le non fondé de notre interpellation. La vérité nous la connaissons aujourd’hui, fermeture de l’usine et licenciement de 1 120 salariés et fermeture d’une usine d’Hanovre et licenciement de ses 780 salariés. Ces tristes nouvelles ont été annoncées par voie de presse, au mépris des institutions représentatives du personnel. Depuis la mobilisation ne cesse de s’amplifier autour des « Contis », dans toutes les manifestations qu’ils ont organisées. Comment ne pas comprendre la colère des salariés, à qui l’on a demandé d’énormes efforts depuis des années, les forçant à renoncer aux bénéfices des 35 heures en 2007, la direction leur garantissant un avenir industriel sur le site jusqu’en 2012 ! Bien sûr, la FCE-CFDT ne saurait cautionner ou encourager les violences qui se sont déroulées à la sous-préfecture de Compiègne ou dans les locaux de l’usine, violences qui servent plus à la stratégie de fermeture de la direction qu’aux salariés. Mais, compte-tenu des circonstances et de la malhonnêteté du groupe Continental, la plus grande clémence doit être de mise à l’égard des « Contis » ; leur détresse doit être prise en compte.
L’ensemble des organisations syndicales avaient saisi en référé le Tribunal de Grande Instance (TGI) de Sarreguemines, estimant que la procédure d’information et de consultation n’avait pas été respectée par la direction qui aurait dû consulter en premier lieu son Comité d’Entreprise Européen. Malgré l’appui du ministère public, et contre toute attente, le TGI a débouté le 21 avril dernier les syndicats sur leurs demandes. Là encore, ce jugement ne fait qu’augmenter le sentiment d’injustice des salariés.
Mais le combat syndical ne s’arrête pas avec cette décision et a pris une dimension européenne. Suite à la rencontre des responsables syndicaux des sites français de l’entreprise avec nos homologues allemands de l’IGBCE, une grande manifestation a été organisée le jeudi 23 avril à Hanovre. Plus de 2 000 salariés allemands attendaient les mille salariés venus en train de Clairoix et les cinq cents venus eux de Sarreguemines en bus. Les manifestants se sont rendus devant le siège du groupe allemand, où se tenait un conseil d’administration des actionnaires, pour leur demander de renoncer à leur projet de fermeture des deux sites.
Dans le même temps, la procédure de restructuration engagée par la direction du groupe suit son cours. L’expert désigné par le Comité Central d’Entreprise a commencé de rendre son rapport sur le « bien-fondé » du plan de fermeture présenté par la direction. Au vu des premiers éléments, la motivation du projet de fermeture totale du site de Clairoix présentée par Continental est particulièrement insuffisante. Elle se base sur les difficultés récentes de l’entreprise, sans aucune analyse à moyen terme du marché. Cela confirme la vision de la FCE-CFDT sur une mise en œuvre d’une stratégie du groupe, réfléchie de longue date et sans aucun rapport avec la crise actuelle, qui vise à relocaliser la production dans les pays low-costs. Tout a été fait depuis plusieurs années pour plomber les résultats de l’usine de Clairoix. L’expert met aussi en avant le manque crucial de moyens financiers du Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE), démontrant s’il en était besoin, la contradiction entre l’affichage de la direction et la réalité des faits.