Les rémunérations des grands patrons font polémiques depuis plusieurs mois. La démesure est insupportable, surtout en temps de crise. Devant les tergiversations du président de la République qui appelle à une meilleure répartition des richesses, qui dénonce les patrons voyous, qui exhorte le Medef à assumer ses responsabilités mais qui n’agit qu’a minima, la controverse s’intensifie. Les écarts de revenus entre les salariés, entre le travail et le capital, posent entre autres, les problèmes de répartition des richesses produites, de gouvernance des entreprises et du contenu de la législation.
Pour éviter de légiférer, le gouvernement et le patronat soutiennent que les abus ne concernent que quelques grands patrons. Pourtant, un document parlementaire souligne l’écart entre la rémunération moyenne des dirigeants des 120 sociétés françaises les plus importantes, qui atteint 3 millions d’euros (4,7 millions pour les 40 premières) et le revenu médian annuel des Français qui s’établit à 15780 euros. En quelques années, les patrons français sont devenus les mieux payés en Europe et ont rejoint le niveau des États-Unis. Les bonus, stock-options, retraites chapeau, primes diverses y compris les avantages en nature, parachutes dorés et maintenant les primes de bienvenue (Golden Hello) se sont accumulés.
Devant ce constat et face à la pression de l’opinion publique, le gouvernement a incité à la mise en place d’un comité des sages, composé par des représentants du Medef et de l’Afep (association française des entreprises privées). Celui-ci ne répond pas pour nous au problème. Les dispositifs d’autorégulation et les recommandations sont rarement efficaces.
La transparence des rémunérations est une avancée revendiquée par la CFDT. Les conseils d’administration se sont donc souvent dotés de comités de rémunérations pour fixer celles des dirigeants. La FCE revendique la présence des administrateurs représentant les salariés dans ces comités. Nous voulons des critères objectifs, précis et mesurables qui soient conformes à l’intérêt général de l’entreprise et ne soient pas basés sur le cours de bourse.
Le plafonnement des rémunérations que n’ont pas hésité à instaurer Barak Obama aux Etats-Unis et Gordon Brown en Grande-Bretagne mais refusé par Nicolas Sarkozy en France est une mesure à prendre. Il est aussi nécessaire de reconsidérer la fiscalité de tous les éléments de la rémunération. De fait, le bouclier fiscal doit être remis en cause.
Il est nécessaire de moraliser le système pour plus de justice sociale. L’encadrement de la rémunération des dirigeants, adossé à une meilleure répartition de la richesse, participerait à plus d’équité et à une meilleure reconnaissance du travail. Contribution nécessaire à un retour de la confiance dans les entreprises. Facteur incontournable pour retrouver le chemin de la croissance.