Bien malin qui pourra dire dans quel état sera le secteur pharmaceutique à l’issue des mouvements qui touchent l’ensemble des activités. Chacun garde en mémoire les suppressions d’emplois dans la visite médicale (VM), les ventes de sites de production pharmaceutique, le passage à deux tournées dans la répartition, la disparition de sites de recherche. Et tout semble indiquer que cette transformation va encore se poursuivre. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. C’est bien l’enjeu des diagnostics partagés au sein de la commission sociale paritaire de l’industrie pharmaceutique. C’est bien l’enjeu des débats qui ont lieu à l’occasion des Etats généraux de l’industrie auxquels la FCE a participé. C’est bien l’enjeu du rapport du Conseil économique, social, environnemental (CESE) dont le rapporteur, Yves Legrain, militant CFDT, est venu nous présenter les conclusions. La France, premier fabricant et premier exportateur de médicaments en Europe, a-t-elle loupé le train des biotechnologies ? Le modèle de laboratoire pharmaceutique intégré est-il toujours pertinent ? Le Crédit impôt recherche bénéficie-t-il d’abord aux petites et moyennes entreprises (PME) innovantes, qui valorisent les travaux de la recherche publique dont sont issus
80 % des médicaments ? Comment l’Europe, dont les investissements de recherche dans le domaine de la santé sont aujourd’hui au même niveau qu’en 1990, peut-elle peser dans le monde ? La notion de bio similaires n’existe qu’en Europe. La brevetabilité du vivant, réalité aux Etats-Unis, n’est pas acceptée en Europe. Notre implantation syndicale, calquée sur ce modèle industriel, saura-t-elle évoluer vers des structures plus souples, plus petites ? Aujourd’hui, les biotechs et autres start-up qui représentent 20 000 emplois, sont un désert syndical. Quelles réponses la CFDT peut-elle apporter aux salariés de ces structures, tels les pôles de compétitivité, confrontés à des problèmes d’emplois, de formation, de santé au travail comme aux enjeux de la bioéthique ?
L’emploi, d’une part, la santé au travail, d’autre part voilà bien deux interrogations fortes du Comité national de branche (CNB). Quelles réponses syndicales à ces milliers de suppressions d’emplois dans un secteur extrêmement profitable, la question reste posée. La santé au travail, sera le thème de négociations pour ce premier semestre. Le projet d’accord CFDT, transmis aux chambres patronales et aux organisations syndicales des trois conventions collectives nationales (CCN), sera un appui fort pour faire avancer nos revendications. Dans la pharmacie, « ne pas perdre sa vie à la gagner » reste un mot d’ordre d’actualité.