Tout a commencé par une injonction de l’Elysée envers la direction de Total, afin qu’aucune annonce ne soit faite concernant l’avenir du site de Flandres lors du Comité Central d’Entreprise (CCE) du 1er février. Bien entendu, la proximité des élections régionales était la cause de cette intervention politique. De fait, l’impossibilité du groupe à préciser le devenir du site de Flandres et de tracer des perspectives à ses salariés, a mis le feu aux poudres. L’attente des salariés était d’autant plus légitime que les installations étaient à l’arrêt depuis septembre 2009. Ils voulaient être rassurés sur leur emploi et leur avenir.
Le contexte politique avec les élections régionales n’a fait qu’amplifier le côté médiatique et indirectement la mobilisation.
Ce conflit, à l’origine de solidarité envers les salariés de la raffinerie des Flandres, s’est transformé en conflit sur l’avenir du raffinage de Total. La CGT tentera de l’amplifier chez les autres raffineurs pour renforcer la politisation du mouvement et rechercher la pénurie, bloquant ainsi l’activité économique du pays.
Pour éviter cet embrasement, le pyromane pompier, le même qui a été à l’origine du mouvement dans les raffineries par sa méconnaissance des réalités de l’entreprise, a mis en scène son autorité en convoquant les dirigeants du groupe. Dans le même temps, le ministre de l’industrie multipliait des interventions maladroites en soufflant le chaud et le froid.
Dans ce conflit, l’action de la CFDT a permis l’avancée du CCE au 8 mars. D’autres revendications, tables rondes régionale et nationale, pas de nouvelles fermetures ou cessions pour les cinq autres raffineries ont aussi été obtenues. Il est clair que la responsabilité de cette action médiatisée incombe aux pouvoirs publics et aux dirigeants de Total. Si tous les responsables avaient bien voulu bien tenir leur rôle et non pas jouer un rôle, ce conflit aurait pu être évité.
Les premiers visés sont les responsables de la chambre patronale et leur refus de prendre toute initiative dans l’intérêt même de la profession. Dès le début de la crise, notre demande de concertation pour établir un état des lieux sur l’avenir du raffinage est restée lettre morte. Les dirigeants de Total ont accepté ce type de réflexions à la condition que toutes les organisations syndicales soient présentes. C’est peine perdue quand on sait que certaines organisations se refusent à toute réflexion, synonyme d’anticipation. Rester enfermé dans cette posture, c’est subir les choix des dirigeants d’entreprise et laisser le pouvoir aux démagogues.
Pourtant, l’anticipation est probablement un exercice de démocratie sociale des plus difficiles, mais c’est le seul qui permette de ne pas tomber dans le piège total.