Lintroduction dans les organisations du travail des nouvelles techno-logies de l’information et de la communication (NTIC), conduit à s’interroger sur leurs possibles effets sur le travail et les conditions de sa réalisation.
Dans beaucoup d’entreprises, les systèmes d’information deviennent tout aussi vitaux que les outils techniques de production. En plus du développement des progiciels de gestion intégrée, se juxtaposent de nouveaux outils : messagerie, intranet, agendas et bases d’informations partagés. Ces outils prennent une place de plus en plus importante dans le travail quotidien des salariés. Ils sont un facteur important d’évolution du travail, des conditions et de l’organisation du travail.
Si les entreprises sont amenées à utiliser ces NTIC, elles n’en mesurent pas toujours pour autant les impacts. Ainsi, leur développement peut créer un malaise auprès des salariés lié à une perte de sens ou un changement du sens du travail. Les NTIC peuvent se traduire par la gestion en direct de tâches de gestion d’information jusqu’alors déléguées. Leur utilisation amène aussi une accélération des rythmes et charges de travail ainsi qu’un accroissement de la charge mentale des utilisateurs (réactivité dans les réponses à apporter). Les organisations du travail ne prévoient pas toujours de temps pour favoriser la formation des salariés. Souvent les salariés font leur apprentissage de l’informatique à la maison pour le réinvestir dans le travail. De plus en plus, ils ont la possibilité d’accéder à l’intranet de leur entreprise depuis leur domicile. Les limites entre la vie privée et la vie professionnelle deviennent floues.
Pour être pertinente, l’introduction des NTIC nécessite que soient définies de nouvelles organisations du travail en préalable. Les NTIC ne sont que des outils au service de la performance que les directions voudraient exclusivement économique alors que nous revendiquons qu’ils soient aussi au service d’une performance sociale. Les NTIC peuvent souvent apporter une aide pour décider et donc agir, signifier travailler différemment pour pouvoir agir sur son travail.
Le développement des NTIC appelle aussi de nouvelles formes de régulations sociales. Au sein des entreprises, comme dans les branches professionnelles, la négociation doit assurer les droits des salariés face aux nouvelles situations créées par l’usage des NTIC. Définir des plages horaires de travail claires, des règles d’utilisation des nouveaux outils, former les utilisateurs, repréciser les responsabilités de chacun,…
L’insuffisance de dialogue social dans ce domaine conduit les organisations syndicales à saisir la CNIL. Elles réussissent ainsi à créer peu à peu une jurisprudence au service des salariés.