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SCA Orléans un contre-projet qui sauve des emplois

Dans le contexte actuel, les plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) ne sont malheureusement pas des exceptions et constituent pour nombre d’équipes syndicales une étape douloureuse dans leur vie militante. ..

Dans le contexte actuel, les plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) ne sont malheureusement pas des exceptions et constituent pour nombre d’équipes syndicales une étape douloureuse dans leur vie militante. Cependant, dans certains cas, l’efficacité et la pertinence des militants CFDT est redoutable… Jugez plutôt.

Le 24 février 2009, lors d’une réunion exceptionnelle du comité d’entreprise (CE), la direction du site SCA Hygiene Products Operations de Saint-Cyr-en-Val annonce la suppression de 44 postes sur les 148 et propose de mettre en place un plan de départs volontaires. Cette usine n’en est pas à son premier bouleversement. Initialement Scott Paper en 1988, le site devient ensuite Kimberly Clark, puis Procter et Gamble en 1998 et enfin SCA en 2007. Spécialiste du papier toilette, le site connaissait alors, depuis quelques mois, une baisse inquiétante de la production. Vigilants sur la situation économique du site, les élus FCE-CFDT au CE avaient lancé dès septembre 2008 une procédure d’alerte. Cinq mois plus tard, les élus sont farouchement opposés à ce plan de départs volontaires, mais la direction prend tout de même la décision unilatérale de mettre en place en parallèle un point d’information conseil (PIC) avec l’aide du cabinet de reclassement qu’elle a choisi.

Les élus prennent alors les choses en main et attaquent sur les différents fronts. Ils demandent tout d’abord la suspension du droit d’alerte et engagent une mission d’expertise comptable du plan complet. Ils attaquent ensuite en justice la direction sur la mise en place du PIC pendant la réalisation du PSE.

Enfin, ils déclenchent via le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) une expertise visant à analyser l’impact de la suppression des emplois sur la santé et la sécurité des salariés dans la nouvelle organisation.

La direction s’engage alors dans de sérieuses négociations portant sur la partie 2 du projet de réorganisation (anciennement livre IV du code du travail) et sur le nombre de suppressions de postes plus particulièrement. La stratégie de la section syndicale CFDT est claire : il faut tout mettre en œuvre pour prouver que la nouvelle organisation n’est pas viable. Pour cela, ils construisent un véritable contre-projet d’organisation du travail.

En partant des analyses réalisées par le cabinet d’expertises Syndex, les militants critiquent point par point le projet de la direction.

Un surcroit d’activités est prévu dans les mois à venir avec l’arrivée d’une activité essuie-tout et les effectifs sont amenés à diminuer de près de 30 %. Les militants font la démonstration que la nouvelle organisation et sa nouvelle répartition des tâches ne peuvent fonctionner. cela est valable tant pour la production, la transformation que pour la maintenance. Dans un premier temps, la course au gain de temps des différentes étapes de la production induit une disparition des actions de prévention, de surveillance et d’anticipation. A terme, la nouvelle organisation ne peut conduire l’usine qu’à une incapacité de produire. Dans un second temps, les plus vives inquiétudes sont pressenties quant à l’impact de la surcharge de travail générée par la nouvelle organisation sur la santé des salariés.

En se basant sur ces éléments et connaissant mieux que quiconque l’usine, les militants proposent une nouvelle organisation avec les objectifs suivants : réduire le nombre de postes supprimés, réduire le recours à l’intérim, proposer une organisation plus souple intégrant les aléas (absences pour congés ou formations), offrir de meilleures garanties en termes de conditions de travail, tout en améliorant les objectifs en matière de production, de qualité et de sécurité.

Une audace qui présente de nombreux intérêts car le contre-projet permet notamment de réduire sensiblement le nombre de personnes à licencier, de répartir plus pertinemment les licenciements sur l’ensemble des services et d’atteindre l’objectif d’économie initial de la direction soit environ deux millions d’euros.

Aujourd’hui, la première étape du pari est gagnée. La partie 2 du projet de réorganisation est finalement clôturée en novembre 2009 et le nombre de licenciements est de 26 au lieu des 44 prévus. La négociation a ensuite porté sur l’avenir des salariés amenés à quitter l’entreprise, dans les meilleures conditions possibles. Les militants ont fait le choix d’accorder un rôle important à la commission de pilotage et ont largement participé à sa composition, afin d’assurer le meilleur suivi possible des salariés concernés.

Aujourd’hui, reste à relever la seconde partie du défi en faisant vivre cette nouvelle organisation.

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