Pour certains économistes, dans l’entreprise, le capital c’est du travail accumulé. Mais force est de constater que les uns travaillent tandis que les autres accumulent. Cette situation reflète bien l’organisation de l’entreprise autour des trois acteurs principaux que sont les salariés, les dirigeants et les apporteurs de capitaux. Les dirigeants veulent maximiser les performances de l’entreprise pour atteindre la rentabilité économique des capitaux voulue par les investisseurs. Les salariés veulent réaliser un travail intéressant dans de bonnes conditions et avec un meilleur salaire. Ces différents objectifs posent la question de la répartition des richesses entre le capital et le travail.
Le président de la République a lancé en février 2009 un débat, en préconisant une répartition en trois tiers entre les dividendes, les investissements et les rémunérations. La mission Cotis, chargée d’un rapport sur ce thème, a dressé un tableau contrasté de la situation. Il ressort que les salaires représentent une part plutôt stable dans la valeur ajoutée du pays, mais les inégalités salariales s’accroissent, avec une envolée des très hautes rémunérations notamment par le biais des stock-options. La part des salaires a ainsi baissé de 9,3 % en vingt ans dans le produit intérieur brut français, ce qui correspond à plus de 120 milliards d’euros en partie transférés vers le capital, soit 4 à 5 fois de plus que le déficit de la Sécurité sociale. Dans le même temps, les dividendes distribués aux actionnaires sont en forte progression. Cette augmentation est faite au détriment de l’autofinancement, nécessaire à l’investissement, avec deux conséquences majeures, une vision de court terme de l’entreprise et un recours croissant à l’endettement.
La question du partage des profits est donc fondamentale. Dans l’entreprise, il faut accroître la part de l’investissement, car sa baisse est synonyme d’affaiblissement du potentiel productif et donc d’effets négatifs sur l’emploi et les rémunérations. Pour une relance de la croissance efficiente, il faut aussi redynamiser les politiques de rémunérations, en particulier les négociations salariales, afin de redonner du pouvoir d’achat aux salariés.
Dans ce cadre, distribuer moins aux actionnaires et plus aux salariés, renforcer les investissements tant dans les outils industriels que dans la formation et l’accroissement des compétences, constituent deux pistes à privilégier pour une autre répartition des richesses.