Présentant sa première liste cadres aux élections professionnelles de février 2010, la CFDT devient majoritaire sur le troisième collège, et passe de 35 à 58 % de représentativité en deux ans, tous collèges confondus. Ce résultat traduit une forte volonté de changement. Valérie Krebs et Claude Bony, nouveaux élus cadres, nous expliquent les raisons de leur engagement et ce qu’ils veulent faire de cet élan de confiance.
Comment expliquez-vous vos très bons résultats ?
Valérie (élue Comité d’entreprise (CE), suppléante déléguée du personnel (DP) : je sentais une envie de changement pendant la campagne mais pas à ce point ! Je crois aussi que le fait que, à nous deux, on connaisse l’ensemble des cadres, a joué. Claude est sur le site depuis 22 ans avec un parcours dans l’industrie, le technique et maintenant les achats. Moi, je suis là depuis 19 ans et connais tous les commerciaux, la chaîne logistique, les administratifs et le marketing.
Claude (élu DP suppléant CE) : je pense que notre campagne a été bien perçue. Nous avons expliqué le rôle des élus, une partie des cadres ne les connaissant pas. Nous avons aussi insisté sur le fait que notre candidature offrait la possibilité, historique, d’avoir le choix. Et puis nous nous sommes engagés à être à l’écoute et plus proches d’eux. Votez CFDT et vous aurez un nouveau moyen d’expression, en quelque sorte. Ce qui m’a impressionné, c’est le taux de participation, 80 %, alors qu’habituellement, il tourne autour de 40 à 60 % sur le site. Cette mobilisation a étonné tout le monde. Elle est reçue comme un message fort.
Qu’est-ce qui vous a décidé à vous présenter sur une liste CFDT ?
Claude : la section me relance depuis 6 ans, avant chaque élection. Mais il était hors de question que j’y aille seul. Quand j’ai rencontré Valérie, la décision s’est prise naturellement. Nos motivations étaient proches et nos parcours complémentaires.
Valérie : je suis « approchée » par la CGC depuis plusieurs années. Mais, je n’avais pas envie de partir avec eux. Les valeurs syndicales qu’ils représentent ne sont pas les miennes. Alors quand un élu CFDT m’a contactée, je me suis dit qu’on avait besoin d’un autre syndicat chez les cadres et j’ai accepté ce challenge.
Avez-vous eu des pressions de votre direction ?
Valérie : je n’ai pas eu de questions dérangeantes, ni de pression. La seule qu’ils m’ont posé c’est : « Pourquoi la CFDT ? ». Pour eux, le syndicalisme cadres, c’est la CGC.
Claude : pas de pression non plus de ma direction. J’avais averti ma hiérarchie directe depuis plusieurs mois.
Vous êtes élus depuis quelques semaines, quelle est votre actualité ?
Claude : les NAO (NDA : négociations annuelles obligatoires) viennent de commencer. On est très attendus sur la question des salaires par tous les salariés. Les résultats 2009 sont très bons, on sent que ça va être tendu. Les cadres ne souhaitent pas être traités à part. Ils nous disent que le fait que nous soyons dans un syndicat majoritaire, très présent dans les deux premiers collèges, est un atout important.
Valérie : l’écart entre les cadres et les autres catégories de salariés s’est resserré, cela se voit quand on compare les salaires médians. Certains cadres sont à 0 % d’augmentation et perdent du pouvoir d’achat. On va se battre pour avoir une augmentation générale, tous les cadres le demandent, pas seulement les oubliés des augmentations individuelles. Les critères d’attribution sont vécus comme arbitraires dans certains services. Ils nous demandent de clarifier ces modes d’attribution. Le tout individuel est passé de mode. Et puis quand la direction nous parle de 2,5 % d’augmentation en global, nous sommes aujourd’hui incapables de le vérifier.
Claude : c’est pourquoi notre objectif est d’avoir plus de visibilité sur la répartition de l’enveloppe par métiers cadres. Il y a certains tabous que nous voulons lever. Par exemple, nous n’avons aucun chiffre concernant les cadres supérieurs et les dirigeants. Des statistiques fiables nous permettrons de discuter sereinement des critères d’attribution, des rémunérations variables, des bonus…
Et mises à part les NAO, quelles sont vos priorités ?
Valérie : nous souhaitons réaliser rapidement l’enquête TEQ ( Travail en questions), pour récolter de l’information et choisir nos actions. Expliquer individuellement aux 99 cadres du site que, s’ils veulent qu’on change quelque chose, il faudra qu’ils participent. On s’est aussi engagés à porter toutes les questions en DP et CE. Il y avait beaucoup de off avant, ça va changer.
Le groupe gerflor, 1 200 salariés, dont le siège est à Villeurbanne, est spécialisé dans le revêtement de sol plastique (bâtiment, grand public, sport, transport,…). L’effectif est stable, la santé économique seine avec des résultats en hausse. Trois établissements : Tarare (69), Grillon (84) et Saint-Paul-Trois-Châteaux. Sur ce dernier site, 550 salariés : 230 au premier
collège, 220 au deuxième et 99 cadres.