Les interventions du président de la République relatives à sa vision du rapport entre l’Eglise et l’Etat, font débats. Ses dernières allocutions qui font allusion à une « laïcité positive », ne peuvent que nous inquiéter. Porter cette thèse revient à promouvoir le communautarisme comme il existe par exemple en Angleterre ou aux Etats-Unis. Ce mode de régulation sociétale est aux antipodes du socle commun de notre République. Les réactions occasionnées sont réconfortantes, car elles démontrent l’existence d’une vigilance citoyenne lorsqu’est remis en cause cet élément fondateur de notre République.
Le principe de laïcité implique la neutralité vis-à-vis des religions dans la sphère publique. Il est incompatible avec une vision de la société qui consisterait en un empilement des religions, sans règles précises concernant leur place, leur champ d’intervention et leur rôle dans notre pays. La laïcité est le ciment qui permet de vivre ensemble dans la paix, la tolérance et le respect de l’autre. Elle garantit, dans une République indivisible et universelle, le respect des origines et des convictions religieuses, à condition qu’elles restent dans la sphère privée.
Revenir sur ce principe à travers des interventions opportunistes, c’est faire un pied de nez à des siècles de notre histoire aux conséquences souvent tragiques du fait d’une collusion entre Eglise catholique et pouvoir en place. N’oublions pas que la laïcité a notamment entraîné la création de l’Ecole publique de la République, alors que l’éducation était jusqu’alors à la charge exclusive des ecclésiastiques. C’est aussi oublier un peu vite que la loi de 1905 est un compromis récent, difficile à obtenir après une longue période de débats et de violences dans, et entre, toutes les classes sociales.
Plusieurs exemples pourraient démontrer encore l’importance de ce texte législatif au regard des évolutions historiques, comme la mission confiée aux mairies de rédiger les actes de naissance, jusqu’alors monopole de l’Eglise catholique. Cette législation est aussi issue d’un important bras de fer entre le gouvernement français et le Vatican sur leurs prérogatives respectives.
La FCE-CFDT prend toutes les initiatives nécessaires pour faire entendre sa voix en faveur de la laïcité. Elle milite pour que ce principe du mieux-vivre ensemble soit mieux compris et mieux appliqué dans les pays européens, quitte à l’adapter aux réalités nationales qui tiennent compte de leur histoire. La FCE appelle à signer la pétition soutenue par la confédération pour s’opposer à toute tentative qui, de fait, mettrait en cause la laïcité par une modification du contenu de la loi de 1905.