Comment des Etats ou des entreprises peuvent-ils se retrouver sous la menace de trois grandes agences de notation (Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch) dont le métier consiste seulement à livrer une opinion sur les risques attachés à une dette ?
Depuis le début de la crise financière de 2008, les agences de notation des Etats, mais aussi des entreprises, sont accusées d’être en partie responsables des déboires économiques. En l’espace d’une décennie, elles n’ont pas vu venir la faillite d’Enron, la crise des « subprimes », la chute de Lehman Brothers. Du laxisme dans leur jugement leur a été reproché, notamment sur les finances publiques de la zone euro. Aujourd’hui, l’abaissement brutal de leur notation sur la Grèce, le Portugal et l’Espagne est tout autant critiquable.
La crainte de la France est d’être à son tour menacée d’une dégradation de sa note, ce qui conduit le chef de l’Etat et son gouvernement à prendre des décisions en fonction de la réaction de ces agences et donc par ricochet des marchés financiers. Par exemple, la brutalité de la réforme des retraites en atteste.
Les politiques d’austérité se développent en Europe, ce qui démontre la préférence à rassurer les marchés plutôt qu’à assurer la relance de la croissance. Les taux d’intérêts des emprunts levés sur les marchés pour financer les déficits diffèrent selon l’appréciation de ces agences mais aussi selon le niveau d’endettement des pays. La réduction des déficits est devenue une priorité au risque d’étouffer la reprise.
Pour autant, lutter contre les dettes excessives pour ne pas hypothéquer l’avenir en transmettant le poids aux générations futures est nécessaire. Mais le niveau et le rythme de réduction des déficits publics ainsi que les priorités retenues pour atteindre l’objectif fixé sont alors déterminants.
L’investissement soutenu qui prépare l’avenir est une de ces priorités. Les politiques industrielles et la formation professionnelle continue qui en découle sont des enjeux majeurs. La justice sociale et la réduction des inégalités sont pour cela indispensables pour permettre d’assurer la cohésion sociale. Un meilleur équilibre entre rémunération du travail et rémunération du capital doit être garanti. Une fiscalité plus redistributive et un nouveau partage des richesses doit être affirmé. Les niches fiscales qui permettent aux plus hauts revenus de se soustraire à l’impôt doivent être supprimées et non seulement rabotées. Celles qui ont prouvé leur utilité économique, sociale et environnementale doivent être maintenues.
C’est par l’ensemble de ces actions coordonnées que la confiance se retrouvera, y compris pour les marchés financiers.