Deux ans après l’explosion de l’une des plus grandes crises économiques et sociales mondiales, la situation de l’emploi, l’évolution du pouvoir d’achat et l’incertitude de la croissance démontrent que la France, mais aussi l’Europe, n’en sont pas encore sorties. Certes, quelques signes plus positifs apparaissent : décrue des plans sociaux, augmentation des offres d’emplois, redémarrage de l’intérim, légère reprise de la croissance. Mais ces tendances sont fragilisées par des perspectives toujours moroses ; les effets progressifs des plans d’austérité dans les pays de l’Union européenne ; le ralentissement de l’activité aux Etats-Unis mais aussi en Asie ; la pression continue des marchés financiers pour réduire les dettes souveraines ; l’absence de mesures concrètes et coordonnées entre les Etats pour réguler le système financier.
Il est donc indispensable d’avancer dans la coordination des actions à mener avec les autres pays européens. Plus largement, au niveau mondial, il serait temps de concrétiser les orientations du G20, notamment dans la régulation du système financier, les taxations des transactions financières, la transparence des paradis fiscaux. La prochaine présidence française du G8 et du G20 devra agir en ce sens.
Malgré les déclarations optimistes des gouvernants dès l’apparition d’indicateurs économiques et sociaux qu’ils jugent positifs, il reste primordial de vulgariser nos revendications pour que l’emploi, le pouvoir d’achat, les conditions de travail, la protection sociale soient pris en compte dans les orientations et décisions de nos dirigeants, politiques et patronaux.
Ainsi, en France, l’incontournable réduction des déficits et la nécessaire politique de relance sont conjointement réalisables à condition d’avoir le courage de décider d’une réforme de la fiscalité dans un souci de justice sociale, de réduction des inégalités et de meilleure répartition des richesses. Rendre plus progressif l’impôt sur le revenu en créant une tranche d’impôt supplémentaire comme ont su le faire les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne par exemple : supprimer le bouclier fiscal pour ne plus permettre d’exonérer les plus riches d’effort de solidarité sociale ; supprimer les exonérations de charges sociales sur les heures supplémentaires pour privilégier les embauches ; supprimer les niches fiscales à caractère principalement financier et sans utilité économique et sociale ; renforcer certains allègements fiscaux utiles pour l’emploi et l’économie sous condition d’avoir une vision d’ensemble ; augmenter les prélèvements sociaux sur les revenus du capital ; taxer davantage les stock-options… De nombreuses marges de manœuvre existent. C’est une question de choix politique.