Le site de Grandpuits (Seine-et- Marne) appartient au groupe Total et se situe à quelques 55 kilomètres de Paris. L’usine est en grève depuis plusieurs jours, comme les onze autres raffineries de l’hexagone. Elle compte430 salariés et une vingtaine d’entre eux assure la maintenance et la sécurité des installations qui sont classées Seveso. Les organisations syndicales, respectueuses de la loi, permettent la livraison des produits nécessaires à assurer la sécurité et la santé publique, tel l’approvisionnement des hôpitaux, mais pas question de livrer les stations services. Une situation qui n’a pas été du goût de l’Etat qui a décidé de faire usage de son droit de réquisition. Il a envoyé sur place le préfet et la gendarmerie pour faire appliquer manu militari sa décision. Annonce des personnes réquisitionnées et usage de la force. Charges policières sans ménagement. Deux personnes ont été blessées. La FCE-CFDT et le SECIF-CFDT (syndicat chimie énergie d’Ile-de-France) ont condamné la méthode et l’atteinte au droit de grève. La justice administrative a d’ailleurs estimé le 22 octobre que le contenu de l’arrêté, qui avait été pris, portait atteinte au droit de grève compte tenu du nombre disproportionné de salariés réquisitionnés. Mais deux heures après, un nouvel arrêté de réquisition était présenté.
« Le dialogue plutôt que la répression » titrait la FCE-CFDT dans son communiqué de presse du 22 octobre. Mais pour instaurer et faire vivre le dialogue, il faut être deux. C’est bien ce que l’on peut reprocher au gouvernement qui n’entend pas les manifestants dans les rues pour signifier que la réforme des retraites proposée est inéquitable. C’est bien ce que l’on peut encore reprocher au gouvernement qui fait usage de la force pour ouvrir l’accès aux raffineries où les salariés défendent à la fois les retraites et s’inquiètent du devenir de l’activité des raffineries. L’absence de dialogue et l’irresponsabilité, c’est aussi ce que l’on ne peut que reprocher aux entreprises qui prennent des décisions, lourdes de conséquences pour l’emploi, et ce, sans entendre les salariés et leurs représentants. La force et la répression ne sont pas les solutions.