Le déclin de l’industrie française se poursuit depuis la fin des Trente glorieuses. Force est de constater que la crise actuelle amplifie ce mouvement avec la destruction de plus de 10 % des emplois industriels. La situation française fait écho à celle de toute l’Europe. Elle atteste de l’incapacité de l’Union européenne à se doter d’une stratégie industrielle digne de ce nom. Elle se traduit par le déplacement massif des emplois industriels vers les pays émergeants au prétexte notamment d’un manque de compétitivité. L’échec du processus de Lisbonne en est la principale illustration.
Pourtant, l’urgence est de construire une nouvelle politique industrielle européenne et nationale adaptée aux défis de l’économie du
XXIe siècle avec pour objectif premier la lutte contre la désindustrialisation de nos sociétés.
Pour endiguer ce scénario catastrophe, il faut sortir de l’idée selon laquelle nous assisterions à l’avènement d’une société postindustrielle essentiellement axée sur les services. D’autant que de nombreux emplois de services sont tributaires de l’activité industrielle.
Il faut aussi renforcer les efforts d’investissements dans les secteurs les plus porteurs comme les Industries de santé ou la chimie verte. Il n’est pas trop tard pour appliquer une politique volontariste de soutien à la recherche et au développement, de lutte contre la délocalisation et d’encouragement à l’embauche.
En France, certains signes comme les états généraux de l’industrie et le grand emprunt nous font penser que la politique industrielle redevient une préoccupation majeure. Plusieurs mesures en faveur de l’industrie en ressortent, particulièrement pour différentes filières d’activités.
La Conférence nationale de l’industrie vient de s’ouvrir dans la continuité de ces états généraux. Il est indispensable de nous y investir pour pouvoir peser sur les choix industriels de demain.
La politique industrielle doit avant tout se construire au niveau européen et vers un autre type de développement plus respectueux de l’environnement et du dialogue social. Il faudra passer d’une production et de modes de vie très polluants à une société propre reconstruite avec des énergies plus coûteuses.
Le syndicalisme doit prendre toute sa place dans cette démarche. Pour cela, les politiques revendicatives doivent intégrer toutes les dimensions du développement durable. Cela suppose un changement significatif dans nos pratiques syndicales.