Délégué syndical chez AGC-Vertal, Jean-Pierre Grislin s’interroge avec la CFDT sur le devenir de l’établissement, une PME de la miroiterie.
Jean-Pierre est employé chez AGC-Vertal (voir encadré) depuis 25 ans. C’est en 1990 qu’il fait le choix d’adhérer à la CFDT « car on ne peut rester inorganisés. Il faut défendre les salaires et améliorer les conditions de travail ». Le site alsacien créé à Wisches en 1982, à quelque quarante kilomètres de Strasbourg, compte une soixantaine de salariés. L’activité de la miroiterie se focalise sur la fourniture de « verre plat » et autres « vitrages » pour les particuliers et les entreprises du bâtiment.
Mag FCE : les activités du site sont aujourd’hui orientées vers les clients industriels. Il y a notamment la fourniture de vitres pour le TGV. Qu’en est-il de la situation en ce début 2011 ?
Jean-Pierre : l’ambiance de crise, de morosité et d’incertitude est toujours là. A l’exemple des accords de participation et d’intéressement que nous avons signés et qui ne produisent rien, ni prime, ni début d’épargne. « Les résultats sont insuffisants », selon la direction.
Mag FCE : le secteur de la miroiterie (voir encadré) a-t-il été victime de la crise ?
Jean-Pierre : on n’y a pas échappé. Et sur place la direction déclare que le groupe AGC-Vertal a perdu de l’argent en 2008 et 2009. Alors pour nous, petit site au sein d’un groupe de taille mondiale et aux multiples filiales, on peut craindre de n’être qu’un pion, une variable « d’ajustement » sur leurs tables d’appréciations économico-financières.
Mag FCE : que pensent les adhérents de cette situation ?
Jean-Pierre : ils sont parfaitement lucides et savent que les préoccupations du groupe se lisent en termes de résultats, surtout financiers. Mais localement nous savons aussi que les choses peuvent aussi se gagner. Ainsi à l’exemple d’une bataille que nous préparions lorsque les patrons voulaient, en 2004, faire main basse sur le paiement des temps de pause. Ils ont reculé. Mais les choses ont été plus compliquées au moment où a été mise en cause l’équipe des cinq chauffeurs livreurs. Ils ont finalement été « cédés » à un sous-traitant car l’activité « n’était plus rentable ».
Mag FCE : qu’en est-il des conditions de travail sur le site ?
Jean-Pierre : pour la plupart des salariés, le travail est organisé en poste dans des ateliers où ne travaillent que des hommes. Le métier y est dur avec le port de charges. En lien avec le CHSCT, beaucoup de postes de travail ont été améliorés mais il reste encore beaucoup à faire.
Mag FCE : quelle est donc la place et les priorités de la CFDT sur le site ?
Jean-Pierre : avec un tiers de salariés adhérents, la CFDT est la seule organisation avec 62 % des suffrages. Quant aux prochaines réunions avec la direction la question principale concerne évidemment la pérennité du site et au-delà celle de l’entreprise.
AGC VERTAL NORD EST S.A.S
PME fondée à Wisches en 1982 avec une activité de détail elle s’est tournée ensuite tournée vers le secteur industriel lorsqu’elle passe sous le contrôle d’un groupe anglais. L’établissement se spécialise dans le verre plat de sécurité tandis que le secteur de la miroiterie se restructure. Puis c’est l’entrée dans le groupe européen d’origine belge, Glaverbel, dont l’actionnaire principal est le groupe international AGC. Un peu plus tard, en 2008, le site alsacien devient alors AGC Vertal Nord Est S.A.S.
Son métier principal est la trempe à plat avec la réalisation, y compris à l’export des vitres du TGV (40 % du chiffre d’affaires). Un atelier de trempe bombée est en démarrage. Mais l’avenir est incertain.
LA BRANCHE MIROITERIE
La branche compte quelques 15 000 salariés, pour la plupart répartis dans des petites structures. En effet la plupart des miroiteries sont des entreprises de moins de vingt salariés. L’activité étant la transformation et le négoce du verre.
Les plaques de verre sorties du four « float » sont livrées dans les miroiteries afin d’être transformées en verre trempé, en vitrage isolant ou en verre feuilleté. Les miroiteries industrielles travaillent essentiellement sur des produits, en grandes quantités, tels les séparations de frigo commerciaux, les verres standards de cuisines, des cabines de tracteurs, etc. Les plus petites réalisent des produits « en petites séries » mais très diversifiés.
Les métiers de la miroiterie sont nombreux : coupeur manuel ou sur table numérique, façonneur sur commande numérique, émailleur, trempeur à « plat ou bombé », poseurs, commerciaux, etc. L’expérience de la plupart de ces métiers s’acquière sur le tas. Le savoir-faire est très important dans les petites miroiteries.