Dans un rapport remis au ministre de l’industrie, l’institut économique COE-Rexecode, groupe de recherche proche du Medef, analyse la divergence de compétitivité de l’industrie française face à l’industrie allemande par des coûts de production trop élevés. Selon cet institut, il faut réduire d’urgence les charges des entreprises et ouvrir des négociations entre salariés et patrons sur les salaires et la durée du travail. Il critique la mise en place trop « uniforme » des 35 heures qui aurait réduit la productivité française. Affirmation gratuite régulièrement mise en doute aussi par de nombreux autres experts.
Bien que le Medef estime ce chantier insuffisamment mûr pour une négociation avec les syndicats, il n’a pas renoncé à ambitionner une refonte de la durée du travail. Deux pistes seront étudiées. Passer à une durée de travail conventionnelle plutôt que légale. Changer la durée de référence en passant d’une durée hebdomadaire à une durée mensuelle, trimestrielle ou annuelle.
De nombreuses lois ont remis en cause les 35 heures depuis 10 ans. Cela n’empêche pourtant pas les attaques incessantes alors que toutes les souplesses d’organisation et de modulation de la durée du travail, d’utilisation d’heures supplémentaires, de baisses de charges sociales et même de contournement des organisations syndicales sont à l’œuvre.
Le débat qui se profile maintenant est d’une autre nature. Vouloir abandonner une référence légale française et proposer une référence conventionnelle, qui ne serait plus hebdo-madaire, conduirait de plus en plus à un traitement différencié des salariés.
Par exemple, certains, ne bénéficiant pas de l’application des garanties d’une convention collective, seraient soumis seulement à la directive européenne, soit 48 heures. Il en serait de même, pour ceux dont la négociation collective sur le temps de travail n’aboutirait pas.
Des responsables politiques indiquent que la démarche permettrait une augmentation des salaires. Mais, c’est oublier que la référence légale du temps de travail sert au calcul du déclenchement des heures supplémentaires et des exonérations fiscales et sociales. Avec quatre millions de demandeurs d’emplois, c’est surtout la situation de l’emploi qui serait aggravée.
En réalité, si le thème de la compétitivité de la France est un réel enjeu, la remise en cause de la durée du travail est une fausse réponse, plus dogmatique que réaliste. Par contre, l’innovation, la recherche et développement, les investissements, l’harmonisation fiscale européenne sont des réponses essentielles à l’amélioration de la compétitivité de l’industrie française et européenne.