Depuis de nombreuses années, le Bureau International du Travail invite les grandes nations industrielles à placer la promotion de la démocratie et de la justice sociale au cœur de leurs stratégies économiques.
Les pays européens devraient en premier lieu appliquer ce conseil. Force est de constater que le sentiment d’injustice, souvent à raison, prédomine actuellement en Europe. Les citoyens estiment que les efforts reposent toujours sur les mêmes. Pour eux, les décisions au niveau européen, comme au niveau national, sont souvent mal perçues puisque prises par des institutions trop éloignées de leurs réalités. Pourtant, c’est bien de plus d’Europe, Europe politique, sociale, fiscale, de défense, dont nous avons besoin.
Mais nombre de dirigeants ne parlent plus de cohésion sociale ou de solidarité, ce qui conduit les citoyens à s’opposer entre eux. Les derniers événements dans les pays arabes ou africains le démontrent. Les chinois commencent à en avoir conscience. Que demandent ces millions de personnes ? Du travail, de la dignité, la possibilité de vivre décemment, le respect de leurs droits et de leur liberté.
L’expression de besoin de liberté, du ras-le-bol de la corruption, des persécutions, de la répression, est latente. En règle générale, la faim, la misère financière, l’impossibilité d’accéder aux biens de première nécessité poussent les peuples à se libérer et à se battre pour la démocratie. De tous temps, c’est donc bien la quête de justice sociale qui a déclenché les révolutions.
La justice sociale est nécessaire au bon fonctionnement d’une démocratie, pour permettre d’atténuer au maximum les inégalités. A contrario l’absence de justice sociale menace la cohésion de la société, cohésion sans laquelle l’espérance du bien-être est sans fondement.
Cependant, la démocratie n’est pas acquise à vie. Ainsi en Europe, d’importants signaux doivent nous alerter. La montée d’extrémismes, de plus en plus confortée dans les résultats d’élections, en est le signe le plus inquiétant. Les inégalités sociales s’accentuent, aggravées par la mise en place de plans d’austérité. Les écarts entre les différentes couches de la population se creusent.
Plus que jamais, la nécessité de redéfinir des politiques publiques plus solidaires et des régulations plus justes, s’impose afin de garantir le bien fondé de notre démocratie et le rejet des extrémismes.