Selon l’Insee, la crise n’a pas violemment pesé sur les salaires. Mais les outils de flexibilité à la disposition des employeurs (réduction des heures supplémentaires, chômage partiel) ont eu pour effet une modération salariale en 2009 et 2010. + 1,7 % du salaire mensuel de base (SMB) en 2010 contre 3,2 % en 2008. Après prise en compte de l’inflation (1,8 %), l’évolution du SMB est devenue négative fin 2010. L’inflation n’est donc pas compensée et le pouvoir d’achat des français est en berne.
Ces dernières semaines, les conflits salariaux se sont multipliés. Les Français sont en attente de solutions qui boostent leur pouvoir d’achat rapidement. L’annonce gouvernementale sur la « Prime de 1000 euros » a suscité beaucoup d’espoirs chez les salariés. Les modalités d’attribution de cette prime à négocier dans les entreprises sont encore floues. Destinée uniquement aux salariés d’entreprises distribuant des dividendes en hausse, de fait, cette prime concernera peu de salariés. Seules 16,4 % de PME pourraient la verser. A peine un salarié sur deux des groupes du CAC 40 devrait bénéficier d’une prime en 2011. Pour cette année, son application comporte un risque constitutionnel car au moment où elle sera votée, les assemblées générales d’actionnaires auront déjà décidé du niveau des dividendes sans connaître les modalités de cette prime. Elle ne serait pas forcément versée en numéraire (intéressement, participation, actions gratuites ou financement d’une mutuelle). Pour les entreprises, elle offre un effet d’aubaine. Le danger est que celles-ci privilégient l’attribution de cette prime défiscalisée et sans charges sociales au détriment des augmentations de salaires. Que de désillusions pour la grande majorité des salariés.
Au moment où l’inflation et les charges fixes des ménages (logement, énergie) sont en hausse, le salaire de base doit augmenter à l’instar du Smic (augmentation probable avant la fin de l’été d’environ 2 %). Les négociations salariales des branches et des entreprises devront être réouvertes pour prendre en compte cette nouvelle situation. Un coup de pouce doit être clairement donné aux salaires.
Au-delà des salaires, se pose la question de la répartition des richesses produites. Avant de légiférer sur ce sujet, le gouvernement doit attendre les propositions des partenaires sociaux. Mais pour cela, le patronat doit entendre les propositions des organisations syndicales. La répartition de la valeur ajoutée doit ainsi évoluer. Elle doit concerner l’ensemble des salariés, des donneurs d’ordre aux sous-traitants.