« Les rêves permettent de faire sauter les verrous et les conquêtes de les réaliser… Malgré la crise économique, il s’agit de concrétiser nos revendications par des négociations en y associant l’ensemble des salariés, femmes et hommes » a déclaré le président de l’Icem.

Plus de 230 femmes déléguées de 47 pays ont participé à la conférence mondiale des femmes de la fédération internationale de la chimie, de l’énergie et des mines (Icem) à Séville du 23 au 25 mars. C’est là un succès au vu du contexte économique. Seules manquaient des délégations des pays du Maghreb. La FCE-CFDT était présente.

La conférence s’est focalisée sur un premier thème. Celui des conquêtes des femmes, notamment en Espagne où la loi a permis la suppression de discriminations dans les conventions collectives et des avancées sur la participation aux Conseils d’administration. Les autres thèmes concernaient les retours d’expériences des femmes dans les multinationales, les négociations collectives, et leur place face à la crise. En préambule aux travaux, les déléguées ont observé une minute de silence afin de marquer leur soutien au peuple japonais victime du récent tsunami et des effets liés à la centrale nucléaire de Fukushima.

La forte participation a permis de nombreux échanges, riches et fructueux entre femmes syndicalistes de pays et continents différents. Force a été de constater que les discriminations et les inégalités entre les femmes et les hommes y sont généralisées. La plupart des témoignages n’étaient pas très éloignés des constats relevés par la FCE-CFDT : écarts de salaires, précarité du travail, temps partiels imposés, harcèlements, violences, y compris conjugales, conditions de travail, difficultés à concilier vie privée et vie professionnelle.

Les exceptions à ce constat émanaient des syndicalistes d’Ukraine et de Russie en regard des présentations faites de leurs situations respectives.

Le Comité des Femmes de l’Icem a décidé de se mobiliser pour soutenir les déléguées d’Afrique et d’Asie afin de lutter contre les inégalités en s’appuyant sur les expériences des femmes syndicalistes du continent européen.

« Solidarité, Solidarité, Solidarité » ont été les mots les plus entendus, répétés à l’envi, en écho aux témoignages des déléguées qui dénonçaient l’extrême violence dont elles sont victimes.

La solidarité est nécessaire avec les Mauriciens où des nouvelles lois permettent aux employeurs de licencier leurs salariés du jour au lendemain, sachant que les premières victimes sont les femmes.

La solidarité et le désaccord s’expriment aussi quand on réalise qu’au Brésil en 2011, un homme noir perçoit la moitié du salaire d’un homme blanc, tandis qu’une femme noire en perçoit le quart !

La solidarité est présente et l’émotion palpable quand les déléguées décrivent les conditions de vie (!) des femmes au bord du Delta du Niger détruit par les hydrocarbures, dans le silence et l’indifférence mondiale.

A l’écoute de tous ces témoignages qui ont aussi montré leur détermination et leur courage, ces femmes forcent l’admiration. Elles sont les « Héroïnes » du monde actuel.

L’Icem restera active sur ses priorités que sont le travail intérimaire, la sous-traitance, les multinationales et l’économie informelle. Deux campagnes seront notamment lancées, l’une pour enrayer les violences faites aux femmes en République démocratique du Congo et l’autre pour combattre le Sida en encourageant l’utilisation des préservatifs féminins.

Au cours de la conférence, la FCE-CFDT est aussi intervenue pour témoigner de la place des femmes dans l’exercice des mandats au sein de l’entreprise Sanofi-aventis. La place des femmes dans les mandats à forte responsabilité n’est pas évidente à exercer. Les secrétaires d’instance étant souvent considérées comme des secrétaires-assistantes, leur rôle politique est moins reconnu. Elle a fait partager quelques réalisations dûes en grande partie à l’opiniâtreté et la combativité des femmes dans un Comité d’entreprise européen.

Ce constat a été partagé par nombre de délégués de cette conférence. Beaucoup reste à faire y compris dans le monde syndical qui doit évoluer et légitimement laisser des places aux femmes, respectant ainsi leurs compétences.

Cette conférence mondiale de l’Icem a reflété les changements géopolitiques actuels avec une forte dynamique militante des pays émergents, une Europe de l’Est très présente et une Europe de l’Ouest plus en retrait. Mais les enjeux évoqués lors de cette conférence ont permis de tisser de nouvelles solidarités et donné des idées : à nous de les concrétiser maintenant.

De l’international au local, dans nos entreprises hexagonales des verrous sont encore à faire sauter, pour que se concrétise une égalité entre les femmes et les hommes qui n’existe encore que dans les rêves !