Un peu partout en Europe des mouvements politiques populistes profitent de la situation de crise économique et sociale traversant différents Etats pour dénoncer une immigration excessive, responsable de tous les maux rencontrés par la société. La France n’échappe malheureusement pas à la règle avec les offensives répétées du Front National sur le sujet. Propos qui dans la période trouvent échos auprès du Gouvernement et du Chef de l’Etat. Après le thème de l’immigration choisie, visant à favoriser l’arrivée de travailleurs étrangers dans des secteurs en pénurie de main-d’œuvre, le ministre de l’intérieur plaide aujourd’hui pour une diminution des flux d’immigration légale. Il est repris en cela par le ministre du travail qui préconise de réserver les emplois dans les métiers en tension aux chômeurs « français ». Si les véritables raisons de ces prises de positions sont plus à rechercher dans des tactiques politiciennes visant à séduire une partie de l’électorat de droite, on assiste bel et bien à une intégration de thèses d’extrême droite dans la politique menée par le gouvernement.
Pourtant, la France n’est plus un pays d’immigration de masse, comme elle l’a été dans les années 1960 où des entreprises allaient débaucher des ouvriers au Maroc et en Algérie. La situation est stable depuis une dizaine d’année comparée à nos voisins espagnols ou allemands, par exemple. Contrairement à certaines idées reçues, plusieurs études démontrent que l’impact de l’immigration légale sur le niveau de chômage est quasiment nul, car trop peu de personnes sont concernées par un titre de séjour pour motif professionnel (environ 30 000 en 2009). On observe plutôt un effet mécanique positif sur l’activité et la croissance car les migrations sont facteurs de création de richesses pour le pays de destination. L’impact budgétaire de l’immigration est également légèrement positif sur le long terme pour la protection sociale.
La diversité d’origine d’une population est une richesse pour un pays, pour son économie et ses entreprises. L’histoire contemporaine de la France s’est construite par l’intégration de flux migratoires successifs.
Alors plutôt que d’encourager le refus de l’autre, de stigmatiser les étrangers, le gouvernement serait bien inspiré de tout mettre en œuvre pour lutter contre les discriminations ethniques dont beaucoup trop de salariés sont encore victimes. Leur intégration est le véritable enjeu pour la société. C’est aussi un de ceux pour lesquels la CFDT agit.
