Début septembre le bureau de la branche chimie a tenu sa réunion de rentrée. Rencontre avec Daniel Morel, délégué fédéral en charge du secteur.
Mag FCE : Après la période estivale il est de coutume au moment de la rentrée de faire un état des lieux. Que peux-tu dire de la situation dans l’industrie chimique ?
Daniel Morel : Avec ses huit membres, issus du comité national de la branche (CNB), le bureau a brossé le 9 septembre le tableau de la situation. Ainsi, si les discours économico-alarmistes ont des effets sur le moral des acteurs industriels et financiers, l’industrie chimique ne semble pas affectée. En effet, nombreuses sont les annonces de résultats en croissance pour le premier semestre 2011 !
Le bureau a toutefois noté la situation du site du Joint français de Mézières-la-Grande-Paroisse ou encore celle des établissements Veninov de Vénissieux où les équipes CFDT, même si elles bénéficient de nombreux soutiens, doivent faire face à des menaces de fermetures.
Mag FCE : Au début de l’année 2011 un accord salaires a été signé dans la branche. Qu’en est-il de la clause qui prévoit un réexamen des salaires ?
Daniel Morel : C’est là un sujet sensible. Les annonces en dents de scie de l’évolution des prix, une fois à la hausse et une autre fois à la baisse, sont déstabilisantes pour les négociateurs en regard de la clause de revoyure prévue par l’accord signé en février sur les salaires minima de la branche. En effet, le mois de juillet affichait un indicateur négatif du coût de la vie de moins 0,4%, puis le mois d’août enregistrait une inflation de 0,5%. L’indice global depuis le début d’année se situe dorénavant à environ 1,7% à fin août. Mais c’est là un historique et un chiffre qui laissent une faible marge de manœuvre pour imposer la revoyure dont le seuil est fixé à 1,5%. Marge de man?uvre d’autant plus fragilisée que les patrons de l’Union des industries chimiques (UIC) préconisent d’attendre la prochaine mesure d’évolution du coût de la vie afin d’évaluer le caractère durablement inflationniste avant de se remettre autour de la table de négociation.
Cela peut relever de la « prudence » patronale qui ne veut surtout pas donner des signes invitant à la revalorisation des salaires… A moins que l’UIC, principale chambre patronale qui conduit les négociations de branche, fasse le choix de l’immobilisme au moment où elle vient d’annoncer le remplacement, le 1er décembre, du directeur du département social, Ithier d’Avout qui conduit généralement les négociations. Il sera remplacé par Laurent Selles qui vient de CECA, filiale du groupe Arkema.
Mag FCE : Quelles ont été les principales mesures arrêtées par le bureau de la branche ?
Daniel Morel : Outre l’état des lieux, le bureau voulait préciser et ajuster son plan de travail et sa stratégie. Il voulait aussi préparer la prochaine réunion du CNB qui se déroulera les 3 et 4 octobre prochain. Alors, le bureau de la branche s’est donné pour mission principale de préparer et structurer les revendications afin d’optimiser par la maitrise des sujets de négociation, une stratégie ad hoc d’approche en faveur des négociateurs.
Il est utile de rappeler que le bureau de branche a été remis en place en 2010 après de longues années d’absence et ce, à la demande des animateurs territoriaux de branche. Sa pérennité est conditionnée à son utilité.
D’ores et déjà, les agendas de la branche font état de rendez-vous « événements », et des nombreux thèmes en cours de négociation et de préparation. Citons le dossier pénibilité qui se heurte aux oppositions patronales quant à la négociation du volet compensation. Il y a aussi les certificats de qualification professionnelle (CQP) de branche, les jurys d’examens, le livret d’accueil, la commission de validation des accords, ou bien encore la concrétisation de la fusion Rhodia/Solvay… En définitif, c’est dans la bonne humeur collective et la solidarité que les délégués ont manifesté l’ambition de relever tous les défis de la rentrée.
Une rentrée qui est aussi l’occasion, pour de nombreuses liaisons des entreprises de la chimie de faire le point sur la situation de leurs groupes.