Se loger devient difficile compte-tenu du coût que cela représente pour le budget des ménages. C’est même une galère pour un jeune salarié. Jean-Marc Croce, délégué fédéral répond à nos questions.
Mag FCE : Jean-Marc, tu as participé en octobre dernier à la réunion du comité directeur fédéral (CDF), l’instance de direction de la FCE. Pourquoi la question du logement était-elle à l’ordre du jour ?
Jean-Marc Croce : Le logement est le premier poste de dépenses des ménages et souvent une source de difficultés. Des aides existent, mais les salariés ne les connaissent pas toujours. Le CDF a décidé de se mobiliser pour que les adhérents puissent être les premiers à les redécouvrir.
Mag FCE : Tu parles d’aides au logement. Quelles sont-elles et comment y a-t-on accès ?
Jean-Marc Croce : Je voudrais tout d’abord faire un petit point pour décrire le contexte. Aujourd’hui, et depuis 1992, les entreprises de plus de 20 salariés financent à hauteur de 0,45 % de leur masse salariale « Action logement ». Un organisme géré paritairement qui a pour vocation de favoriser l’accès au logement des salariés. Il remplace depuis 2009 le « 1 % logement », créé en 1953. Le 1 % correspondait alors à la contribution des entreprises.
En 2009 justement, le gouvernement, en difficulté pour boucler son budget, a imposé à Action Logement de financer l’Agence Nationale de l’Habitat (ANAH) et l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine (ANRU) à hauteur de 3,682 milliards d’euros, sur la période 2009-2010. Une décision qui a affaibli sérieusement le financement du logement social et a entraîné une baisse des aides pour les salariés. Ainsi en 2009, sur injonction publique et par voie de décret, le Pass Travaux a été abandonné.
Mag FCE : Tu brosses là un tableau pessimiste. Mais existe-t-il des éléments porteurs de perspectives plus sympathiques ?
Jean-Marc Croce : Bien sûr, et je pense notamment à la négociation de l’accord facilitant l’accès des jeunes au logement. La CFDT a particulièrement été motrice lors de cette négociation. L’accord a été signé le 29 avril dernier par l’ensemble des partenaires sociaux. Il prévoit 45 000 logements supplémentaires en trois ans pour les jeunes.
Mais le gouvernement hélas, entend encore imposer un nouveau prélèvement à Action Logement de 3,2 milliards d’euros entre 2012 et 2014 au profit de l’ANRU. Un projet de diktat qui hypothèque gravement la construction de nouveaux logements. C’est une situation inadmissible. C’est pour cela que la CFDT exige du gouvernement qu’il revienne à la table des négociations et revoit ce projet.
Mag FCE : Et toi Jean-Marc, peux-tu nous dire quelques mots sur ton rôle au sein d’Action Logement ?
Jean-Marc Croce : Je suis depuis près de cinq ans au conseil d’administration (CA) d’un comité interprofessionnel du logement (CIL) : CILGERE. C’est un comité qui a un champ national (voir encadré). Je participe aux six réunions annuelles du CA qui sont consacrées à l’affectation et au suivi des ressources que nous mettons dans les actions définies : aides aux ménages ; aides à la construction, etc. Mais au-delà, c’est en quelque sorte à un travail de terrain que je me consacre. Je suis souvent sollicité par des adhérents CFDT qui ont eu connaissance de ma présence au sein d’un CIL. J’instruis et je soutiens leurs dossiers afin que l’on puisse y apporter des réponses. C’est un service à rendre à l’adhérent CFDT.
Mag FCE : Est-ce à dire que tu ne réponds pas aux salariés non syndiqués ?
Jean-Marc Croce : Pas du tout, mais la discussion que nous avons alors ensemble conduit bien souvent l’intéressé à franchir le pas de l’adhésion. Il mesure « preuve à l’appui » que le syndicat fait le lien entre les discours et les actes et qu’il répond concrètement à ses attentes. Mais à travers mon travail au plus près des entreprises, je mesure également que dans les comités d’entreprise (CE) les commissions logement sont réduites à leur plus simple expression. Les délégués les ayant désertées. C’est d’ailleurs sur ce point une décision du CDF d’octobre que d’inviter les membres des CE à participer aux formations que nous leur proposons. Un dossier logement sera prochainement réalisé.
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« Action Logement » en quelques chiffres
C’est un réseau de 25 CIL de tailles régionales ou nationales. En 2010, ce sont près de 750 000 ménages qui ont été concernés par l’une ou l’autre des actions : 70 000 logements attribués ; l’accompagnement à la mobilité ; la sécurisation de l’accès au logement ; l’aide aux salariés en difficulté ; l’accession à la propriété ou bien encore l’aide aux travaux. C’est un budget de 3,6 milliards d’euros en 2010..