Partout dans le monde de multiples mouvements se développent et expriment une volonté partagée de lutter contre les injustices, les inégalités, la violence, le fatalisme du chômage, la précarité grandissante.
Partout l’écart s’est creusé entre les tranches de revenus basses et moyennes, et les tranches les plus hautes, de plus en plus hautes. La médiatisation et l’accroissement de ces différences sont de moins en moins supportables entre ceux qui ont beaucoup et ceux qui n’ont rien. L’échec n’est pas seulement économique, il est social. Le niveau de chômage des jeunes, en particulier, est devenu inacceptable.
C’est ainsi que depuis plusieurs mois, une nouvelle forme de protestation s’est développée. Ce mouvement citoyen, « les indignés », est né en Espagne. Il se réclame des influences du Printemps arabe ainsi que du mouvement Geraçao à rasca (Génération dans la dèche) au Portugal. C’est un mouvement pacifique qui n’a pas de leader, ni de propositions alternatives, la posture politique reposant sur l’indignation et le rejet des institutions. Ce mouvement rassemble des citoyens très hétéroclites, des jeunes diplômés sans travail, des cadres, des retraités…
Face aux conséquences désastreuses de la crise financière, il s’est ensuite étendu en Grèce avec des fortes mobilisations de plusieurs milliers de personnes, en marge des syndicats. Depuis, des rassemblements identiques ont eu lieu en Belgique, en France, au Chili et en Israël pour atteindre les rivages de New York avec le mouvement Occupy Wall Street (OWS) qui campe actuellement à proximité de la bourse. L’évolution de ces mouvements peut gagner en ampleur si les réponses des politiques à cette crise ne sont pas à la hauteur des enjeux.
Malheureusement, le dernier G20 n’a pas apporté beaucoup de signes positifs dans ce sens. Et les réponses de la zone euro aux difficultés des Etats se traduisent par un empi-lement de plans d’austérité et de mesures de rigueur avec un risque majeur de freiner la croissance et d’entrainer de nouvelles hausses du chômage.
Face à ce contexte anxiogène, le syndicalisme réformiste, porté par la CFDT, doit continuer à jouer son rôle et à démontrer qu’il peut apporter des réponses concrètes à la situation des salariés et des demandeurs d’emploi, des jeunes en particulier.
Alors, comme le souligne Pierre Rosanvallon dans son dernier livre, « il faut aller au-delà de l’indignation, imaginer de nouveaux horizons, et rouvrir la promesse d’émancipation ». Il s’agit de construire un autre modèle, un nouveau modèle de croissance durable.