En moins de trois minutes le film en dit long sur les conditions de travail et l’action syndicale. Angélo et Jacques les réalisateurs, racontent la création du film.
Tout a commencé en octobre 2011 quand nous sommes allés à Châlons en Champagne, afin de réaliser un reportage lors d’une réunion conseil syndical du syndicat Champagne Ardenne auquel sont invités les délégués syndicaux.
Outre cette réunion, quelques interviews étaient programmées. C’est ainsi que nous avons rencontré Isabelle, déléguée syndicale CFDT chez Alliance Santé Healthcare, une entreprise de la répartition pharmaceutique. La description faite des conditions de travail était édifiante. Surveillance et remarques aux salariées quand elles s’absentent pour aller aux toilettes. « Il ne faut pas boire sur le lieu de travail, il y a aussi des caméras de surveillance, et l’on a toujours un chef sur les talons. »
Au cours de la discussion, nous avons caricaturé la situation « finalement chez vous la devise c’est -pisser moins pour travailler plus-, il ne reste plus à votre patron de vous proposer de mettre des couches afin que vous restiez sur votre poste de travail pour davantage de productivité »…
En fin de journée, après avoir filmé la réunion du conseil, et pendant le trajet de retour, on se dit que l’on ne peut pas en rester là. Il faut faire quelque chose. Un article pour le magazine. Et puis l’idée d’en faire un film muet en noir et blanc où les images sans parole suffiront à décrire la situation.
Ainsi, dans le train entre Reims et Paris, le story-board a pris forme : une usine, une chaîne, des femmes, un chef qui surveille, des toilettes et… des couches !
Au cours des jours suivants le scénario se précise. Il faut rapidement penser aux « actrices » qu’il faudra solliciter. De toute évidence c’est dans les bureaux de la fédération qu’il faut réaliser le casting. « Pour ma part, souligne Jacques, j’imagine que pour un tel sujet, une telle cause, cela sera facile, même quand je vais proposer de jouer une scène avec une couche-culotte. »
Il faut aussi préparer les décors nécessaires qui transformeront une salle de réunion en atelier de conditionnement. Pour la chaîne, les choses se concrétisent et l’on réalise un tapis qui entraînera les boites. Puis ce sont les boites de médicaments qui, une à une sont découpées dans du carton et fixées sur un autre tapis. « On le fera avancer en sens contraire pour donner plus de mouvement à la scène ».
Avec le choix du noir et blanc pour le film, les vêtements de travail, identiques pour tous, seront faits des sweats marqués du logo de la FCE. Il suffira de les mettre à l’envers. Une charlotte sur la tête et un masque donneront un côté « médical » à l’activité.
On se retrouve le 16 décembre en salle de réunion pour un après-midi de tournage. Les « techniciens et accessoiristes », les acteurs discrets qui seront les « moteurs » de la chaîne sont là aussi.
Les filles se costument : sweat, charlotte sur la tête et masque sur le visage… Puis les consignes de jeu ont été données. « Il faut jouer et vivre la scène pour lui donner du réalisme ». Action !
On joue la première scène. On la rejoue. Puis vient la scène où les trois filles doivent mettre une couche. On s’interroge. La scène est surréaliste. Dans la salle de réunion devenu notre plateau de cinéma on engage la discussion sur la situation. « Il est impossible que les salariées acceptent de telles conditions de travail : travailler avec une couche afin de ne pas aller aux toilettes ! ».
Il s’agit de souligner l’absurdité de certaines conditions de travail dans les entreprises. On complète la scène d’une chorégraphie pour caricaturer l’ineptie patronale.
Arrivent les dernières séquences où les sweats, remis à l’endroit, montrent les identifiants CFDT. Ces derniers plans en couleurs, montreront clairement que l’arrivée de la CFDT dans l’entreprise a changé les choses.
Toutes les images sont enregistrées. Il n’y a plus qu’à retourner dans le bureau d’Angélo, devenu désormais le studio vidéo de la FCE. Le montage commence… et l’on découvre le film. On fait une « avant-première » avec tous les acteurs, les premiers spectateurs. Quelques jours plus tard le film est mis sur le site http://www.webtv.fce.cfdt.fr/index.php?id=76
Il ne reste plus à chaque adhérent de se connecter pour apprécier le résultat… et en parler autour de lui.