En 2011, la direction d’Arkema a décidé d’investir 70 millions d’euros sur le site de Pierre-Bénite près de Lyon. Cet investissement visait à pérenniser l’entreprise rhodanienne avec une augmentation de la production de polymères hauts de gamme, sécurisant par là-même le site de Saint-Auban qui fabrique la matière première. Une bouffée d’oxygène après beaucoup d’années de restructurations subies par les salariés. Le seul problème, c’est que ces investissements étaient liés à la disparition d’une trentaine d’emplois à Saint-Auban et à une réorganisation du travail à effectif constant à Pierre-Bénite. Une négociation qui aurait pu être menée sans dommages directs sur l’emploi et en bonne intelligence pour la CFDT. Cela n’a pas été l’avis de la CGT qui a dénoncé un alourdissement de la charge de travail et, comble de tout, une réduction des heures supplémentaires.
Cette organisation syndicale, sans mener une vision d’ensemble et de prospective pour l’avenir, a alors décidé de bloquer le site de Pierre-Bénite en menant une grève minoritaire. La conséquence a été la suspension du projet par la direction alors que les autres organisations syndicales, CFDT en tête, soutenaient celui-ci après avoir obtenu des concessions et les premiers investissements.
La CGT a continué à s’obstiner dans le but de garder des arrangements consentis à une minorité de salariés. Devant cette situation, la direction a retiré officiellement le projet le 15 novembre au grand dam des élus CFDT. Le fait, qu’une minorité de salariés puissent faire capoter des investissements industriels alors que l’industrie française a besoin de ces signes forts en ces temps difficiles était tout simplement hallucinant.
La CFDT a décidé de se mobiliser pour dénoncer cette volonté conjointe de la CGT et de la direction de condamner à moyen terme l’activité industrielle du site de Pierre-Bénite et par ricochet celle de Saint-Auban. Elle a interpellé la direction d’Arkema pour lui rappeler que la CFDT a toujours œuvré de manière constructive pour que des investissements d’une telle ampleur soient validés et que la grande majorité du personnel adhère pleinement à ce projet ambitieux.
Une déclaration en comité d’entreprise a été faite et la FCE-CFDT a contacté la Fédération CFE CGC Chimie pour mener une action conjointe de demande de rendez-vous auprès de la direction générale du groupe Arkema. Cette rencontre a eu lieu le 10 décembre dernier.
Dans le même temps, la FCE-CFDT a aussi demandé aux équipes locales de créer les conditions d’un rapprochement avec les élus CFE CGC, une action pas si facile après des années de conflit interne.
Néanmoins, le travail s’est fait et un tract a été construit conjointement avec la CFE CGC et a été distribué aux salariés, un premier signe positif d’une mobilisation plus forte contre l’impasse provoquée par une CGT irresponsable.
La rencontre entre la direction et les délégations CFDT et CFE CGC s’est déroulée au siège du groupe dans la banlieue parisienne. La direction a commencé la réunion en rappelant les conditions ayant abouti à cette décision très contestable et que le dialogue social a toujours été très délicat sur l’entreprise de Pierre-Bénite, en appelant à la responsabilité des organisations syndicales sur place.
Elle a exprimé sa volonté de revoir les conditions de dialogue social dans le groupe et particulièrement à Pierre-Bénite avant de pouvoir reparler d’un projet industriel durable.
La FCE-CFDT, après avoir rappelé que toutes les organisations syndicales ne sont pas à mettre sur la même ligne, a insisté pour que trois conditions soient réunies pour progresser :
– Une rénovation du dialogue social ;
– Dépasser la relation CGT et directions locales ;
– Conduire une stratégie CFDT et CFE CGC.
Pour la FCE-CFDT, il est plus que nécessaire de conduire une réflexion sur la gestion de crise d’un conflit, d’avoir une réflexion sur un nouveau projet industriel garant de l’avenir des salariés.
Les partenaires sociaux se sont séparés sur une synthèse qui prévoit de travailler à l’apaisement et à redéfinir un véritable dialogue social.
Une synthèse que la FCE-CFDT juge positive malgré l’obstination de la direction à obtenir coûte que coûte une adhésion de la CGT ce qui n’est absolument pas garantie.
Cette démarche doit permettre de sortir des vieux schémas de relations sociales et la FCE-CFDT et ses équipes travailleront dans ce sens.